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Pistache
Pistache
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Racing against the sunset. [Terminé] Empty Racing against the sunset. [Terminé]

Jeu 1 Aoû - 20:17

Deus ne savait même pas ce qu’il faisait là.

Non, en réalité, pour être franc, il en avait parfaitement conscience. La chose qu’il ignorait était la raison qui l’avait poussé à aller à ce rendez-vous stupide, sur cette plage stupide pour revoir cette fille stupide. Cela résumait brièvement mais efficacement l’avis du jeune homme sur la situation.
Le pire dans tout cela, était que monsieur avait effectivement apporté quelque chose. Pour se faire pardonner ? Il préférait ne pas se l’avouer, trouver une autre excuse, encore et toujours. Comme le fait que, de toute manière, en été sur une plage, on n’était jamais trop con d’apporter de la bière, histoire de ne pas mourir déshydrater. Cela n’avait rien à voir avec un espoir de rédemption. C’était purement pratique, voilà tout.

L’haïtien faisait les cents pas le long de la plage, traînant ses pieds nus dans le sable encore chaud, ses chaussures dans une main, les bières dans l’autre. Demain soir, à la plage. Je t’attendrais là-bas. Sophie n’aurait pas pu être plus précise. Non, la précision devait faire partie des choses futiles à ses yeux. Cela devait être tellement plus drôle d’imaginer son camarade en avance une bonne heure sur l’heure qu’elle s’était mise en tête. De l’observer, là, alors qu’il ose enfin se poser sur le sable mouillé. Voir ses épaules secouées d’un frémissement lorsqu’un vague vient mordre sa peau chaude.

Il réajusta son sweater de ses doigts libres. Pour une fois, le temps se faisait plus clément avec ses restrictions. Le soir tombant gentiment, l’île commençait à se rafraîchir, bien que la plupart des nuits restaient tropicales. Mais là, il faisait bon, presque frais. Une de ces rares soirées où Deus supportait ses vêtements longs.

Le jeune homme avait finalement laissé ses affaires un peu plus haut sur la plage. A cette heure-ci, peu d’étudiant se baladait dans le coin ou préférait se retirer en groupe plus loin. L’étendue de sable était vaste, à un tel point que Deus se demandait s’ils arriveraient à se trouver dans cette immensité, lorsqu’une nouvelle vague n’interrompait pas le cour de ses pensées. Plus le temps passait, plus il avançait sur la plage, se trouvant à présent les mollets presque submergés, ses pantalons retroussés au-dessus de ses genoux, tout comme les manches de son sweatshirt. C’était presque étrange de le voir ainsi, assez relaxé pour se laisser respirer. Il en oublierait presque l’attente que lui faisait subir la catastrophique Sophie Anne. Il en oublierait presque tout, en fait.

Le jeune homme se retourna, apercevant enfin la silhouette de l’attendu cataclysme. Son air renfrogné reprit immédiatement place sur son visage, attendant la première vanne de la demoiselle. « J’ai pas l’intention de me faire pardonner. » héla-t-il alors qu’elle se trouvait à peu près à la hauteur de ses affaires. Voilà sa grande fierté qui revenait au galop. Pour une mec qui ne voulait pas se faire pardonner, c’était étrange d’avoir apporté des bières aromatisées, quelque chose de communément étiqueté ‘féminin’.
Jo
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Racing against the sunset. [Terminé] Empty Re: Racing against the sunset. [Terminé]

Ven 2 Aoû - 19:20
Elle était partie sans un mot de plus, ce jour-là. Sure d’elle et à la fois troublée. A ce moment-là, elle n’avait pas douté une seule seconde qu’il viendrait, oh non. Mais plus l’après-midi avait passé, et plus Sophie-Anne en était venu à se demander si oui ou non il viendrait. Oh, ce petit doute qui semblait bien décidé à se faire une place au creux de ses entrailles n’avait pas l’air de vouloir s’en aller si facilement. Même les deux heures passées à la piscine de l’institut, alignant longueurs sur longueurs, n’avaient pas été suffisantes pour chasser ce stupide doute. Pire encore une fois dans sa chambre, tentant de réviser sans succès.
C’était plutôt troublant pour elle qui habituellement ne doutait jamais. Oh non, la demoiselle était toujours si certaine d’elle-même te de son charme, de l’effet qu’elle pouvait provoquer sur autrui. Alors pourquoi tout à coup se mettait-elle à s’interroger de la sorte, s’en retrouvant presque nerveuse ? Oh, ça n’avait pas de sens. Il n’était pas différent des autres, après tout. Elle voulait juste prendre du bon temps, s’amuser quelque peu, avant de tout oublier, mettre fin au jeu et s’en aller. Comme à chaque fois, lâche et misérable. Pas de quoi en être fière.

Puis la seconde journée était passée. Plus vraiment de toute, mais de la nervosité. Et s’il venait vraiment, hein ? Bah, quelle question idiote, au fond. Elle continuerait de faire la conne avec ce type qui n’avait rien demandé. Elle jouait si bien son rôle, la grecque, celui de la fille superficielle et stupide, sans intérêt. Et les cours étaient passés, les discussions avec ses amis –étaient-elle réellement sincères ?- également. Puis la fin de journée, et le début de soirée.

Alors, elle avait quitté sa chambre, sans trop se presser. Sur le dos, une robe fine et presque transparente, laissant voir le maillot de bain qu’elle portait en dessous, une teinte donnant écho à celle de sa longue crinière. Allait-il se faire pardonner, tiens ? Bah, il avait un sacré caractère, le haïtien, et elle avait fort à parier qu’il resterait buté et borné jusqu’au bout. Comme si elle valait mieux, tiens.

De loin, elle l’avait vu, et bêtement, son sourire s’était agrandit, gardant bien heureusement son allure taquine. Un soudain pincement au cœur qui s’envole bien vite, tout comme la nervosité qui la tiraillait jusque-là. Quelle bêtise, hein. Ce n’était qu’un rendez-vous comme un autre, avec un garçon pas différent des autres qu’elle avait fréquenté. Tout n’était qu’un jeu, non ?

« Et c’est pour me dire ça que t’es venu… » Elle se pencha, attrapant une bouteille e bière, au litchi apparemment. « … et que t’as apporté de la bière ? » Un vague sourire alors qu’elle ouvrait ladite bouteille, se permettant évidemment sans rien demander. Après tout, c’était un truc de fille, hein. « Je pensais que tu viendrais pas, moi. Et que je serais obligée de passer la soirée seule, privée de la compagnie d’un beau gosse… » Et elle rit, encore, le fixant, tout en portant la bouteille à ses lèvres, d’un geste presque équivoque.

Une gorgée bienvenue plus tard, vu la chaleur, Sophie prit le temps de l’observer, son regard croisant le sien. « J’espère que tu vas bien… ? »
Pistache
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Racing against the sunset. [Terminé] Empty Re: Racing against the sunset. [Terminé]

Lun 12 Aoû - 13:11

Son regard se porta vers les vagues. Sophie n'avait pas changé d’un poil, toujours aussi taquine. Que pouvait il espérer ? Que mademoiselle deviendrait raisonnable et agréable à vivre du jour au lendemain ? Peuh, il pouvait rêver, là.

Toutefois, la jeune fille n’avait pas tort, une fois de plus. Si Deus n’avait réellement pas eu l’intention de se faire ‘pardonner’, il ne se serait même pas rendu sur la plage. L’idée lui avait traversé la tête un peu plus tôt, dans sa chambre, mais la culpabilité l’avait poussé à sortir. La culpabilité. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas entendre, vraiment. Son comportement de la veille avait été rude, oui, mais quelqu’un comme sa camarade s’en serait rapidement remis, tout comme s’il lui avait posé un lapin. L’haïtien ne devrait même pas se sentir obligé de venir, ni même d’apporter quoi que ce soit ; et pourtant le voilà, les deux pieds dans l’eau, en compagnie de cette pimbêche.
… En compagnie d’une jolie fille ? Deus chassa bien vite cette pensée. Il ne devait pas se laisser envoûter par les compliments de cette sorcière ; sa réputation faisait autant écho que la sienne. Elle finirait juste par le jeter après s'être bien amusée.

« J’avais du temps à tuer. » Il essayait de s’en convaincre, bien plus que de le faire croire à sa camarade. L’eau fraîche lui arracha un frisson ; ou bien était-ce le rire de Sophie derrière lui, voir ses yeux qu’il croisa en se retournant à nouveau ? Ses joues devinrent inexplicablement brûlantes, ou du moins il ne voulait pas essayer d’expliquer ce rougissement soudain. Deus avait menti : Sophie ne le laissait pas indifférent, autant par ses railleries que par son apparence.

Le jeune homme haussa simplement les épaules en guise de réponse, finissant de se retourner, à présent dos à la mer. Le sable se colla à ses pieds humides lorsqu’ils arrivèrent à proximité du pack de bière. Sa main en extirpa une, même si cela était un truc de fille. La chaleur l’excuserait de consommer un produit visant principalement la gente féminine. Et puis, au fond, ce goût fruité n’était pas si désagréable. « T’es venues seulement dans l’espoir de recevoir quelque chose ? » Lui, par contre, restait horriblement désagréable. Ce comportement était son seul moyen de se concentrer sur Sophie et non pas sur sa tenue… Légère, quoi qu’adaptée à l’endroit. Une gorgée marqua une pause dans cette conversation aux allures de règlement de compte. « J’crois pas que t’ai la capacité d’être vexée. Pas pour si peu, en tout cas. » Ses grands discours sur les jugements hâtifs s’évanouissait une nouvelle fois. Mais était-ce sa faute ? Sophie se comportait de manière trop complexe, trop singulière ; comment ne pas se faire des préjugés avec cette attitude ?

La saveur fruitée avait laissé place à un arrière-goût de malt âpre, et son regard glissa au même moment sur les lèvres de la jeune fille. Il se demanda soudainement si, à cet instant, elles était plutôt fruitées ou âpre. Le souvenir de celles-ci si proche des siennes le fit revenir brusquement à la réalité, non sans un soubresaut et un mouvement de recul. Cette nana était définitivement perturbante au possible, et ça, ça l’énervait au plus haut point. « De toute manière, j’suis persuadé que tu aurais trouvé un remplaçant si je n’étais pas venu. » Une remarque destinée à blesser la grecque, et pourtant la moue jalouse qui se peigna involontairement sur son visage la rendait jubilatoire.
Jo
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Jeu 24 Oct - 22:15
Du temps à tuer, hein ? Il n’était pas très bon menteur, surtout qu’il faisait face à une reine dans ce domaine-ci. Après tout, ne passait-elle pas son temps à se mentir et à se convaincre de choses qui  n’étaient pas vraies, afin d’oublier tout ce qui pouvait la tracasser, fuir la réalité et les responsabilités. ? Oh oui, sa vie n’était qu’un mensonge, et Sophie-Anne en était presque fière. Un constat plutôt triste. Et pas qu’un peu. Mais elle faisait avec, totalement, et s’en sortait plutôt bien. De son point de vue en tout cas. Quant à savoir la réalité des faits… Elle-même n’était pas certaine de vouloir le savoir. Non, c’était plus facile de se mentir et de mentir au reste du monde.

Et elle finit par croiser son regard, son rire s’effaçant doucement, remplacé par le bruit des vagues. Une mélodie tout ce qu’il y avait de plus agréable et reposant. Enfin, elle n’était pas là pour ça, oh non ! Ne lui devait-il donc pas des excuses, ce gros ours mal léché ? Au fond, elle ne les méritait pas tant que ça, surtout pas en sachant qu’elle s’était pas mal moquée de lui. Mais d’un autre côté… Ça devait bien être la première fois qu’une personne semblait encline à s’excuser envers elle. Une grande première qui ne pouvait pas la laisser indifférente.

Il ne tarda pas à faire part de ses remarques, à nouveau. Comme la jeune femme s’y attendait, il n’était absolument pas sympathique. Ce serait surement trop lui demander, lui qui semblait déjà si dérangé de venir ici. « Tu me connais trop bien, dis donc. » Et le sarcasme transpirait dans ses paroles. « Cela dit, dans l’idéal, j’aurais préféré autre chose que des bières. » Autant dire que le regard qu’elle porta sur lui, lourd de sous-entendus, laissait nettement comprendre où elle voulait en venir. Restait à voir si lui saisirait la chose. Après tout, voir sa réaction pourrait être amusant.
Ce qu’il ajouta par contre lui fit quelque peu froncer les sourcils, avant qu’elle n’ajoute, avec une franchise certaine : « Ce que tu viens de dire là, par exemple, c’est très vexant. » Ces quelques mots furent d’ailleurs accompagnée d’une moue boudeuse, tandis qu’elle buvait encore quelques gorgées de sa boisson. Espèce de crétin, va.

Et quelques instants s’écoulèrent, avant qu’elle ne réalise qu’il la fixait. Surprise d’abord, elle ne put par la suite pas s’empêcher de sourire, on ne peut plus ravie. Elle aimait bien qu’on la regarde de la sorte, bien qu’incapable d’imaginer ce qui pouvait se tramer dans sa cervelle. Mieux vaut pas d’ailleurs, car sinon il y avait de fortes chances que l’embarras qui lui chatouillait légèrement les côtes et qu’elle s’efforçait d’ignorer se fasse bien plus présent. Quoi que vu ce qu’il ne tarda pas à lui balancer, mesquin comme toujours, le trouble s’effaça bien vite.
« Tu penses que je suis une garce à ce point ? » Il y avait des reproches dans sa voix, quand bien même son sourire de vipère était toujours là. D’ailleurs, elle plissa les yeux, le fixant quelques instants de plus. Avant de se rendre compte d’un truc. Vaguement du moins, ce petit air… jaloux ? Non, vraiment ? Il rigolait là… Peut-être pas. Chose certaine, c’était suffisant pour qu’elle reprenne du poil de la bête. « Rassure toi, t’es le seul ici qui m’intéresse. » Et sans rien ajouter de plus, elle déposa la bouteille vide dans le sable, avant de retirer sa robe, l’observant du coin de l’œil, amusée. Et, abandonnant le tissu sur le sable, elle se rapprocha de l’eau, effleurant son bras –sur le tissu- du bout des doigts au passage, lui jetant une œillade amusée.

« Tu viens te baigner, hm ? » Elle avait déjà de l’eau à la taille, et s’était tournée vers lui, reculant toujours plus. Et pour une fois, coup de chance, son pouvoir ne s'était pas encore déclenché. Miracle.


Dernière édition par MissTick le Sam 26 Oct - 1:15, édité 1 fois
Pistache
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Jeu 24 Oct - 23:34

Elle le rembarrait, comme d’habitude. C’était assez hallucinant que si peu de temps avait suffi pour déjà implanter un train train, des attitudes prévisibles, des gestes familiers. Les rares fois où ils s’étaient côtoyés avant cette année ne rendaient pas le tout moins étrange. De toute manière, trop de choses avaient changé entre cette période et le moment présent. Lui, pour commencer. Puis d’autres choses, plus subtiles, comme la température de l’eau, sensiblement plus fraiche qu’il y a deux ans. Où était-ce une impression ? Depuis combien de temps n’avait-il pas mit les pieds dans l’océan ?

Ses pensées eurent à peine le temps de submerger son esprit que la pimbêche revenait chercher le monopole, ses remarques mesquines piquant à nouveau son attention, puis la vue qu’elle lui offrait, sa robe gisant sur le sable tiède. Deus détourna enfin le regard, brisant l’attraction envoutante de sa camarade. Ha, c’était dur à avouer, mais elle ne le laissait décidément pas indifférent. Et ça devait la faire rire, de faire réagir monsieur ronchon. Surtout en lui faisant battre en retraite ainsi.
L’haïtien ne voulait pas se laisser avoir par ces belles paroles. Des artifices pour l’amusement de la demoiselle, rien de plus. Et pourtant, sa réponse, bien que teintée de son habituel mesquinerie, l’avait conforté dans son jugement hâtif. Soulagé. Ça, c’était bien pire que de se faire tourner en ridicule. Pire que toutes les défaites.

Il releva le menton lorsque Sophie l’interpella, avant d’hausser les épaules, apparemment peu enjoué par la proposition. Ses doigts pincèrent le tissu –précédemment effleuré par ses doigts à elle, si pâle et délicat à côté des siens- de son sweater. « J’suis pas équipé. » Contrairement à ce que ses mots laissaient penser, Dieudonné fit quelques pas dans l’eau, ses mollets à présent complètement immergés. Quelques vagues vinrent même chatouiller le fond de ses shorts, obscurcissant le tissu. Il voulu prendre une gorgée de bière, seulement pour se rendre compte que la pauvre bouteille était à présent vide. Le voilà à frissonner dans l’eau en sweater, une bouteille vide à la main et la plus grande pisseuse de l’île en sa compagnie. Difficile de dire si la situation était insolite ou risible …

« Et l’eau c’pas mon élément. » Sous l’eau ou sur terre, son pouvoir resterait le même fardeau. Tout le monde ne pouvait pas se servir de ses capacités sur commande, pas comme mademoiselle. Deus en était presque déçu : ça aurait été tellement drôle que la diva se transforme au moindre contacte aqueux. Mais apparemment, ce n’était pas le cas… Heh, si ça se trouvait, Sophie possédait un tout autre pouvoir, beaucoup moins intriguant et gracieux. Assez ridicule pour faire courir de fausses rumeurs. « T’as voulu venir ici pour te pavaner dans la flotte ? » Faire deux trois numéros, histoire de bien lui montrer que certains pouvoirs pouvaient être super amusant.

Bah, pas bien compliqué de faire plus amusant que le sien.

Son regard se trouva captivé par les remouds à ses pieds. A croire qu’en cette soirée, tout pouvait harponner son attention. Ou du moins en donner l’impression, histoire de cacher une réflexion désagréable. Donner un air pensif, ou juste énervé dans son cas. Les traits toujours tiré, cette expression macabre soulignée par les lignes blanches sur son épiderme. La surface trouble lui renvoyer cette expression, déformé, et pourtant si facilement reconnaissable.
« Et j’pense pas que t’es une garce : je le sais. » Une façon bien rude de briser le chuchotement des vagues. A croire que la réplique venait seulement de fuser dans son esprit. Pourtant, aussi piquante était-elle, Deus ne semblait pas aussi sérieux qu’auparavant ; toujours grincheux, mais pas profondément caustique. Peut-être était-ce à cause de son attitude. Peut-être parce qu’il avait tout de même daigné d’aller dans l’eau malgré sa remarque. Peut-être était-ce seulement devenu une habitude, ces insultes virulentes.
Jo
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Sam 26 Oct - 3:51
L'eau fraîche de l'océan lui chatouillait le creux des reins, donnant naissance à une multitude de frissons venant mordre son échine. Une sensation toute particulière, aussi déplaisante qu'agréable. Paradoxal et pourtant pas si étonnant. Le fait qu'elle ne se soit pas encore transformée, lui, était déjà un peu plus inattendu. Il fallait dire que même si elle n'était pas trop mauvaise en ce qui concernait le temps contrôle de son don, elle ne réussissait pas à tous les coups. Encore moins si elle se trouvait dans de l'eau salée comme présentement. Autant le dire, c'était un coup de chance. D'ailleurs, elle sentait déjà les écailles faire leur apparition, tandis qu'elle s'enfonçait toujours plus dans les vagues.

« Tu pourrais faire un effort, arrête de tirer la gueule tout le temps, eh. » C’était vrai ça, tiens. Monsieur le grincheux pourrait bien faire un effort, pour une fois, et arrêter de faire la gueule à longueur de temps. Mais non, il fallait croire que c’était indissociable de sa personne, ça. Ca et les contradictions. Parce qu’il avait beau refuser, il venait de faire quelques pas de plus dans les faibles vagues, ce qui la fit sourire un peu plus encore. Ajoutant à cela un petit geste ridicule qui ne manqua pas à la demoiselle, loin de là. Elle était très observatrice, malheureusement pour lui. Enfin, elle ne fit rien d’autre que pouffer de rire, immergée au point de n’avoir plus que sa tête et ses épaules non immergées, sa longue chevelure turquoise s’étalant sur la surface de l’eau.

Son visage, devenu détendu l’espace de quelques instants, son regard perdu sur son propre reflet, redevint tout à coup bien moins doux. Ses prunelles perçantes fixée sur le visage aux tatouages macabres, elle haussa les épaules, n’hésitant pas une seule seconde à lui lancer quelques mots, pas forcément très polis : « Je suis plutôt venue pour avoir des excuses, m’enfin. » Elle souffla, remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, tout en se rapprochant, doucement. « Ca semble trop demandé à sa majesté je-tire-la-gueule-sans-arrêt. » Puis, c’était certaine qu’en lui balançant ça à la gueule, elle allait surement les avoir, ses excuses. La blague, ouais.

Le regard toujours fixée sur lui, entre contrariété et moqueries, Sophie-Anne le détaillait, surement tout aussi pensive que lui. C’était quand même con, hein, de vouloir obtenir les excuses d’un type comme lui. Comme si ça valait vraiment quelque chose. Surement que ça avait à voir avec ce petit pincement au cœur qui la dérangeait parfois, en sa présence. Surement, ouais. Et elle espérait franchement que ça cesse, parce que c’était vraiment agaçant, à la longue. Ca la troublait, et la demoiselle n’aimait pas du tout ça. Sauf que ce n’était pas si facile. Mais alors vraiment pas du tout. Et monsieur n’allait surement pas aider dans cette entreprise.
Il ne tarda d’ailleurs pas à reprendre la parole. Et les mots qu’il lui balança, une fois de plus, la firent réagir. Et pas n’importe quelle réaction, d’ailleurs. Bien rapidement, il se retrouva arrosé d’eau salée. Comme quoi, avoir une queue de poisson pouvait être très pratique. Et pas juste pour être bonne en natation.

Et maintenant ? Allongée sur le dos, les écailles de ladite queue visible, un beau turquoise donnant écho à sa chevelure, avec quelques reflets dorés çà et là, elle l’observait toujours. Oh, elle n’avait pas manqué son air moins acerbe qu’à l’accoutumée. Ce qui ne l’avait pas empêchée d’être un poil vexée malgré tout. « J’ai beau être une garce, comme tu dis. Tu dois bien m’aimer pour être là malgré tout. » Le tout avec un petit sourire plein de fierté, railleur à souhait. « Oh, et maintenant que t’es mouillé. T’es sur de pas vouloir venir nager un peu avec moi ? Promis, je te toucherais pas ~ » Elle se rappelait encore son air embarrassé de la dernière fois. Puis évidemment, les conséquences de son don n’étaient pas loin derrière, dans le fil de ses pensées.

Un soupire, et elle disparut entre les vagues, pensive toujours. Avant de ressortir, quelques minutes plus tard à peine, accoudée à rocher non loin, l’air boudeur. Attendant qu’il se bouge un peu, tiens.

pour te faire une idée de l'apparence de la queue de poisson : [x] [x]
Pistache
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Sam 26 Oct - 23:06

L’eau de mer se mélangeait fort mal avec l’arrière-goût âpre laissé par la bière fruitée. Deus eut malheureusement l’occasion de le tester, en plus de se retrouver trempé et par la même occasion frigorifié. Décidément, il n’y avait pas que l’océan qui semblait bien frais : le cœur de mademoiselle aussi. A moins que ce soit ses neurones qui, pétrifié par le froid, aient pensés que c’était une bonne idée d’éclabousser ‘sa majesté je-tire-la-gueule-sans-arrêt’. Autant dire que ce n’était pas ainsi qu’un sourire allait fleurir sur son visage morbide.

Ses paupières papillonnèrent, inquiètes de laisser passer une goutte d’eau salée vicieuse ou pire, une nouvelle salve aquatique. Mais il n’en fut rien. Le danger semblait écarté, lui laissant rouvrir les yeux et découvrir l’arme du crime.  Heh, alors comme ça, Sophie faisait vraiment parti du club des ‘mi-femmes mi-thons’--  une pensée fort peu délicate, particulièrement motivée par la jalousie mais tout de même retenue derrière ses lèvres. Pour une fois, l’haïtien ne laisserait pas de paroles trop franches déborder. Sans doute pour laisser le silence planer un instant. Pour profiter du clapotis des vaguelettes, des frissons provoqués par le vent trop doux, des derniers rayons dorés se reflétant sur les écailles céruléennes… L’instant paraissait si irréel. L’étrange faisaient partie intégrante de son quotidien, et pourtant, monsieur avait tendance à oublier qu’il n’était pas seul au monde à être marginal. A posséder un don étrange.

Ces instants oniriques le rassuraient.

Un soupir, facilement confondu avec la brise mordant sa peau humide, s’échappa enfin. Capitulation, une fois de plus. Sophie devait être trop forte à ce petit jeu. Plus forte que lui en bien des points, chose inavouable parmi tant d’autres. La pimbêche l’impressionnait, vraiment ; malgré ses remarques venimeuses et sa superficialité. Plus il y pensait, plus il trouvait ça étrange de se dire qu’une fois de plus, sa camarade n’avait pas tout tort : s’il se tenait là, les deux jambes dans la flotte, c’était bien parce qu’il avait voulu venir. Voulu la voir. « C’est sûr qu’à ce niveau, tu peux pas plus saloper mes vêtements. » La fin de sa réponse s’évanouit derrière son Sweater qui finit bien vite en boule puis projeté sur le sable. « Ou ma soirée. » Un spectacle bien rare, monsieur étant toujours emmitouflé dans ses vêtements longs, toutes saisons confondues. Une première en public, pour être exacte. De quoi remarquer que la fresque de son visage ne s’arrêtait pas simplement à ce dernier, mais s’étalait une bonne partie de sa poitrine, la ligne blanche la plus éloignée touchant son plexus solaire. Sa’ida s’était clairement amusée durant tout ce temps, largement plus que ce qui était prévu au départ.

« Si tu t’évanouis dans la flotte, je t’aiderais pas. » Deus n’allait pas oublier de lui rappeler au combien ce serait une mauvaise idée d’essayer de le tripoter, et ce malgré sa tenue exceptionnelle. Enfin, si mademoiselle voulait profiter de la vue, elle venait de rater sa chance, puisque son camarade se retrouva bien vite immergé jusqu’au menton. Comme elle l’avait si bien dit : maintenant qu’il était mouillé, il n’avait plus rien à perdre. Même contre le froid.

Se retrouver à nouveau dans la mer, là, ça faisait carrément bizarre. Depuis combien de temps n’avait-il pas été aussi loin ? Il n’était même pas sûr de s’être jamais immergé à ce point dans l’eau salée. Les rares sorties plages en famille se résumait toujours à rester sur sa serviette, à l’ombre d’un parasol et à regarder les autres, plus loin. En grande partie car il aurait été compliqué de l’aider en cas de noyade, mais aussi parce que sa différence plombait sérieusement l’ambiance. Ça, on en s’était pas privé pour le lui faire remarquer. « Et maintenant ? » Ouais, autant changé de sujet, histoire de ne pas s’éterniser sur des souvenirs. Sur avant. Sur des ‘Et si’. « On se laisse flotter jusqu’à chopper une pneumonie ? » L’air de rien, le jeune homme ne plaisantait qu’à moitié ; depuis le temps qu’ils se balançaient des insultes à la face, le soleil finissait gentiment sa course dans le ciel, balançant ses dernières lueurs sur l’onde. Et puis elle était glacée cette flotte, merde. Le genre de détail qui ne laisse pas indifférent quand on est un mec et qu’on a plongé un peu trop vite.
Jo
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Racing against the sunset. [Terminé] Empty Re: Racing against the sunset. [Terminé]

Lun 28 Oct - 1:25
Une routine assez étrange, un peu déroutante, avait l’air de s’être installée entre eux. Quelque chose de tout con, fait d’insultes et de paroles peu flatteuses, de mots visant à éloigner l’autre, du moins venant de lui. C’était paradoxal, somme toute. Parce qu’il avait beau dire qu’il ne voulait pas être là, ni se trouver en sa compagnie, il était quand même venu. Plus que ça, après avoir virulemment refusé de mettre les pieds dans l’eau, le voilà qui s’y était enfoncé jusqu’aux mollets, et de sa propre initiative ! Et après, on osait dire que les femmes étaient contradictoires ? La bonne blague. Oh, évidemment, quelques insultes et autres paroles pas bien douces avaient fusées dans l’entreprise, mais on ne change pas une équipe qui gagne, non ?

L’ignorant royalement alors que monsieur était en train de radoter –ce qui n’avait rien d’inhabituel à force- Sophie continuait de barboter de gauche à droite, se laissant porter par les vagues. Ce coin-ci de la place était plutôt tranquille à vrai dire. Il y avait pas mal de rochers, et la plupart des vagues étaient amoindries, rendant le tout très calme. Cela ne l’empêcha pourtant pas de saisir les mots qu’il lui balança, tout en retirant son pull. Et aussi étonnant que cela puisse paraître, elle ne dit rien. Peut-être un peu trop surprise sur le coup. Pourtant, ça n’avait rien de particulièrement plus acide que le reste, ou même plus méchant, non. Et elle avait l’habitude de ce genre de remarques venant de Deus. Pourtant, sur ce coup-ci, le pincement qui fit frémir sa poitrine était bien réel. Désagréable.

Mais Sophie garda le silence, se contentant de garder le regard rivé sur le jeune homme. Parce que son esprit frivole avait été attiré par autre chose. Quelque de cent fois plus agréable que cette pensée qui la bouffait tout à coup. Oui, la superficialité était tellement plus simple à vivre. « Je ne suis pas certaine d’être désolée. Surtout pas avec la vue à laquelle j’ai le droit. » Autant le dire, c’était très plaisant. Musclé mais pas trop, il semblait voir naturellement une carrure imposante. Oh et, à présent elle avait la réponse à sa question concernant son tatouage… Très intéressant.
Cela dit, le charme fut rapidement rompu lorsque monsieur fini par s’immerger totalement ou presque. Non pouvait-il donc pas sourire, juste un peu ? Quoi que d’un autre côté, le voir sourire devait être assez déroutant, étant donné qu’il semblait continuellement contrarié la plupart du temps.

Et maintenant ! Elle-même n’était pas certaine d’avoir une réponse à cette question. Un ricanement pourtant fini par lui échapper, alors qu’elle lui lançait un regard canaille, finissant par disparaitre une nouvelle fois. Contrairement à lui, sa vue était parfaite sous l’eau. Ce qui lui permit de pouvoir apprécier la vue que fois de plus. Avant de s’amuser à nager bien proche de lui, effleurant son dos du bout des ongles, l’espace de quelques secondes à peine, alors que sa nageoire tout juste entrait en contact avec sa jambe, pas de quoi permettre à son don une quelconque action. Après tout, même si elle n’avait pas daigné réagir à sa remarque de plus tôt, elle était parfaitement consciente des risques. Sans peur autant avoir peur de lui.

« Pour une fois, est-ce que tu ne pourrais pas juste apprécier un peu, sans râler ? » Elle venait de refaire surface, derrière lui, la moue boudeuse et le ton en accord. Le tout avant de se glisser à ses côtés, le regard posé sur lui. « On pourrait simplement… Discuter ? » Plus facile à dire qu’à faire, elle-même n’étant pas toujours très douée pour cela. Surtout pas avec ce type. « Après, je te retiens pas. Tu peux t’en aller si tu veux. » Même si au fond, il y avait des chances que cela lui fasse plus de peine qu’elle ne pouvait l’admettre.
C’était un peu con, tout de même. Au moment où ils semblaient s’être trouvé un terrain neutre, de quoi cesser de s’insulter toutes les trente secondes, ils ne savaient plus quoi faire. Pourtant, la grecque avait des tas de questions à lui poser. Sans savoir par quoi commencer. Ou peut-être pas. « T’as foutu quoi pendant toute cette année, au juste ? »

Oh oui, elle était très curieuse de savoir.
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Mar 29 Oct - 17:21

Sursaut. Nouveau sursaut, accompagné d’un cri cette fois. Malheureusement, la demoiselle immergée ne put pas profiter de cela, à défaut de déjà largement abuser de sa forme pour quand même aller le tripoter. Oh, on dira bien qu’il exagérait : mademoiselle l’avait seulement effleuré deux fois. Effleurer. Et pourtant, ça suffisait amplement à aggraver l’expression de monsieur. Au point où, s’il tirait encore plus la gueule, sans doute que ses muscles lâcheraient sous la contraction.

Deus retenu difficilement un nouveau sursaut en entendant la voix de la jeune fille dans son dos. Finalement, aller s’emplâtrer dans son élément n’était pas une si bonne idée. La flotte lui permettait de se déplacer bien trop agilement, contrairement à ses propres mouvements patauds. Un avantage de plus sur lui.
Mais cette fois, l’haïtien s’abstint de faire une remarque sur les débordements de madame. Un petit peu à cause de ce qu’elle venait de lui dire, mais surtout par simple incapacité à commencer la conversation. De quoi parler avec cette pimbêche ? Depuis le début, ils n’avaient jamais eu de vraie discussion, sauf une poignée de chose avouée dans le but de clouer le bec à l’autre. A croire qu’au delà des remarques piquantes, ces deux-là ne pouvaient pas converser.

Sophie balança une question. Si le jeune-homme n’avait pas été acculé par la peur de tuer la conversation en refusant de répondre, sans doute aurait il gardé le silence. Il n’avait pas tant envie de parler des derniers mois. « C’est une longue histoire. » Quelle accroche de merde. Sérieusement, rien de mieux pour plomber l’ambiance. « J’ai zoné. ‘essayé de me démerder seul. » Ses pieds bâtèrent un instant, le temps de le ramener où il avait fond ; une position bien plus confortable pour discuter, bien que ses épaules humides subissaient à présent la brise, à défaut d’être protégée par l’eau. « Revenir ici faisait pas vraiment parti de mes projets, d’ailleurs. »

Si Sa’ida ne l’avait pas convaincu de réessayer en Juin, il ne serait même pas là, à raconter son histoire. Peut-être qu’il serait mieux, toujours chez elle. Peut-être qu’il aurait trouvé un boulot que son don ne compromettrait pas trop. Peut-être qu’il vivrait une vie plus ou moins normale, au lieu d’essayer désespérément de maîtriser une chose qui lui échappait. « J’ai créché chez quelqu’un, en échange de faire la toile humaine. » Un très bref résumé de cette année assez chaotique. Enfin, on ne pouvait nier que Deus avait fait suffisamment d’effort sans lui demander de s’étaler davantage. Il devait bien conserver une part de mystère, ou d’intimité, au moins…

« J’vais pas te retourner la question, j’estime que t’as terrorisé encore une poignée d’élève l’année dernière. » Son ton oscillait entre le dédain et l’humour. L’haïtien n’était pas bon pour faire le conversation, encore moins pour poser des questions. Pas qu’il n’y en avait pas qui lui tournait en tête. Ça semblait juste si… Impoli de s’immiscer ainsi dans la vie des gens ? Une chose que Sophie pouvait faire, mais pas lui. Pas aussi directement, en tout cas. « J’t’ai manquée à ce point pour que tu viennes me chercher aussi vite ? » Au fond, ça ne faisait pas de mal de se sentir désiré, même si c’était pour servir de souffre douleur. C’était mieux que l’indifférence, quoi qu’il en dise…


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Mer 30 Oct - 4:36
L’eau n’avait laissé filtrer aucun son, pas le moindre. Par contre, le sursaut qui agita le corps du jeune homme ne manqua aucunement au regard de la sirène. Pourtant, ce n’était qu’un simple effleurement, pas même un véritable contact… Alors pourquoi une telle réaction ? Sophie ne réalisait pas que la raison était simple. Très simple. C’était tout con pourtant, et à mettre sur le compte que son don, qui s’avérait être bien plus une gêne qu’un avantage. Alors évidemment, il n’avait surement pas l’habitude qu’on le touche. Et surtout, qu’on ose le faire. Puis, il suffisait de se rappeler sa réaction la veille, sur le toit. Réaction qui l’avait d’ailleurs bien faite rire.
Par contre, lorsqu’elle se montra à nouveau à lui, toute pimpante et moqueuse comme à son habitude, la jeune femme se retrouva quelque peu surprise. Surprise parce qu’il ne s’était pas mis à râler. Non, rien ressemblant à des reproches n’avait filtré d’entre les lèvres de Deus. Oh, que lui arrivait-il ? Lui avait-elle cloué le bec ? C’était plutôt… inattendu. Et pas qu’un peu. Chose certaine en tout cas, c’était suffisamment surprenant pour que la demoiselle reste silencieuse également, un peu troublée.

Jusqu’à ce qu’il se décide à lui répondre, en tout cas. Avec une accroche bien clichée, autant le dire. « J’aime ça quand c’est long. » Ce n’était pas très fin comme réflexion, autant le dire. Mais la grecque n’avait pas vraiment comme prérogative la finesse ou l’élégance. Enfin, cela ne changeait pas qu’elle était très curieuse vis-à-vis de ce qu’il allait bien pouvoir lui raconter. Oh, et il devrait être content, tiens, c’était rare que la jeune femme se montre aussi attentive et silencieuse.

La façon dont il annonça les premières phrases laissait penser que ça n’avait pas dû être une partie de plaisir. Et au fond, elle se doutait surement des raisons qui auraient pu le motiver à ne pas vouloir revenir. Après tout, elle-même aurait préféré rester « chez-elle » plutôt que revenir ici. Mais elle n’avait pas le choix, c’était ainsi. Ses parents avaient pour cela plus d’autorité qu’elle, et la demoiselle, aussi étonnant que cela puisse paraitre, ne souhaitait pas les décevoir. Alors elle se pliait à leurs ordres, au détriment de ce qu’elle souhaitait vraiment. Vivre son rêve, faire partie de la troupe du cirque. Être admirée. Au lieu de cela, elle jouait à la reine des abeilles dans une école pour gens étranges comme elle. Pas vraiment le genre de gloire dont elle avait toujours rêvé.

A présent, elle comprenait mieux la provenance des tatouages. Mais pas encore leur raison. Un fait qu’elle vocalisa sans trop réfléchir, l’observant avec un peu plus de sérieux qu’à l’accoutumée. « Et pourquoi ça en particulier ? » La question était légitime, quoi qu’indiscrète. Oh, et la demoiselle s’interrogeait également au sujet de cette personne. Trop curieuse. D’ailleurs, heureusement que la possibilité que cette personne soit une fille ne lui avait pas effleuré l’esprit. Car dans ce cas-là, il y avait de chances que la jalousie pointe son nez, aussi stupide que cela puisse paraître. Eh oui, elle était comme ça, Sophie-Anne. Illogique et parfois idiote.

Un ricanement échappa les lèvres de la jeune femme en l’entendant. « Eh, je suis si horrible que ça ? » Un léger sourire étira ses lèvres, lui donnant une allure plus moqueuse encore, haussant les épaules. « Enfin, en substance, c’est pas mal ça, ouais. » C’était triste à admettre, mais c’était pas mal le cas. Enfin, terroriser était peut-être un peu exagéré. Juste un peu. Quant à sa question… Ah, c’était le genre qu’il valait mieux ne pas lui poser, à vrai dire. Parce que c’était tout à fait le genre de sujet sur lequel elle pouvait le faire tourner en bourrique et le mener par le bout du nez. Rien de plus facile pour une renarde comme la grecque.
Doucement, elle se rapprocha de lui, le plus proche possible sans pour autant le toucher, le fixant intensément. Pour ensuite se mordiller la lèvre, et lui souffler quelques mots. « Oh, tu n’imagines même pas à quel point… » Son sourire s’étira à peine, tandis qu’elle reculait légèrement, sans le lâcher du regard cependant, nageant sur le dos. Une vraie sirène, et pas juste dans l’apparence. Le comportement séducteur ne venait pas de nulle part non plus. Et le pire dans tout cela, c’était qu’elle ne mentait pas. Pas tout à fait. Il lui avait manqué, mais c’était plus inconscient qu’autre chose. Comme cette fois où elle avait rêvé de lui. Un rêve… assez particulier, dont elle ne risquait pas de lui faire part, loin de là.

« Et moi alors, je t’ai manqué ? » Toujours elle le fixait, lui tournant autour sans se presser, avant de se glisser dans son dos, sans le toucher toujours, quelques mèches turquoises humides glissant sur l’épaule du jeune homme. « C’est triste, que tu me détestes, quand même… » Oui, sans vraiment vouloir l’admettre… C’était un peu dommage qu’il la déteste ainsi… Eh, il lui plaisait beaucoup cet idiot, elle n’y pouvait pas grand-chose.
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Mer 1 Jan - 1:46

La question attira son attention sur son propre corps,  lui faisant considérer les bribes de tatouage qu’il pouvait voir. Deus releva les yeux vers sa camarade et haussa les épaules ; à moins que ça n’ait été qu’un frémissement. « J'crois que ça colle plutôt bien. » Un nouveau coup d’œil avant d’ajouter un « Ou alors ça la faisait kiffer. » légèrement caustique. Oh oui, ça ne l’aurait pas étonné que Sa’ida ait choisit ce motif particulier uniquement pour le fun, et non pas pour une raison spirituelle ou par métaphore divine à son don.

La réponse de la jeune fille arriva à lui octroyer un demi sourire satisfait –un exploit après l’avoir fait tourner en bourrique. Apparemment, l’haïtien commençait gentiment à oublier les évènements de la veille, voir peut-être même ses mauvaises pensées à l’égard de la Grecque. Il fallait surtout avouer qu’entendre Sophie lui donner raison avait quelque chose d’extrêmement satisfaisant, surtout après tant de remise en question. Ça n’avait pas l’air d’affecter sa fierté tant que ça ; elle continuait à nager, ondulant gracieusement dans son élément, ses cheveux dispersés sur l’onde, mais surtout collés à sa peau.

Ses muscles se crispèrent lorsqu’elle passa à nouveau dans son dos, décidément bien trop à l’aise dans la flotte. Voilà qui avait achevé la moindre pensée arrachée à cette brève contemplation, mais qui elles furent réanimées par les paroles de mademoiselle, sans compter qu’à cette distance, il pouvait sentir ses cheveux lui chatouiller l’épaule ; à savoir si ce fut ce qui le fit à nouveau frissonner, ou si le fond de l’air était définitivement devenu trop doux pour une baignade.

Deus esquiva la question et sortit de l’eau, son short détrempé rendant ses mouvements encore plus lourds et patauds. Le sable sec se colla à ses chevilles, puis la paume de ses mains lorsqu’il vint récupérer son sweatshirt. Malheureusement, ce qui paraissait une bonne idée auparavant –balancer son sweat mouillé dans le sable- n’en avait plus l’air à cet instant. Surtout pas lorsque le soleil avait disparu et que le vent s’était levé. Les frémissements continuaient de mordre sa peau, faisait tressauter ses épaules par moment. L’haïtien avait beau se frictionner les bras, rien n’y faisait, sauf se griffer avec du sable.

Il tourna à nouveau les talons et observa l’océan. Le regard perdu entre les vagues, avant de retomber sur l’autre pisseuse, éternellement vautrée dans la flotte. « ‘commence à cailler, et il reste de la bière. » Voilà qu’il reprenait son air boudeur. Ses doigts embarquère le pack en carton.
Une poignée de seconde s’écoula. Sa peau frémissait toujours, de froid, ou du simple souvenir des cheveux de Sophie contre sa peau. Ses sourcils se froncèrent. « Ça me ferait chier d’avoir à me taper ton lot de consolation. »

Ça devait plus ou moins répondre à la question de mademoiselle.


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Mer 1 Jan - 9:12
A mesure que le temps filait, leur relation prenait une bien étrange tournure. Non pas que ce soit dérangeant ou même désagréable, seulement… C’était déroutant. Parce que jusque-là, ils n’avaient jamais été capable d’échanger autre chose que quelques insultes bien senties et autres paroles désagréables; enfin, surtout lui, puisque Sophie, elle, s’était au début mise en tête de le séduire. Avant de déchanter, et se décider à jouer la carte de la peste détestable dès que possible. Et là, bien que toujours quelques piques mesquines fusaient, ils entretenaient une conversation presque amicale et presque normales. Le jeune homme se montrait bien moins sur la défensive qu’à l’accoutumée, et la demoiselle, elle… Ah, elle ne savait l’expliquer. Pas mesquine, elle se sentait juste l’envie d’être joueuse et taquine. Rien de réellement méchant, pour une fois. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, elle appréciait sa compagnie. Pour de vrai.

La crispation de son corps ne manqua nullement à la grecque, qui ne put qu’en sourire. Ah, ça avait quelque chose de bien amusant, tiens. Lui, le type continuellement renfrogné et s’efforçant de repousser tout approche, le voilà qui acceptait de faire trempette avec elle, frissonnant à chaque fois qu’elle en venait à l’effleurer, même par inadvertance. Et pas une seule seconde elle n’en venait à mettre cela sur le compte de l’air frais et de l’eau toute aussi froide. Parce que cela ne la dérangeait pas, et que tout bêtement, elle était persuadée qu’elle était la source de cette soudaine fébrilité qu’il affichait. Désillusionnée au possible, ou juste un peu idiote.

Ce fut avec une petite moue déçue qu’elle le vit finalement quitter l’eau pour aller se mettre au sec. Bon, la jeune femme devait bien admettre qu’il commençait à faire frais. Et pas qu’un peu. Simplement, elle s’amusait bien, là. Elle pouvait l’embêter tout en étant pleinement dans son élément. Et ne parlons même pas de la vue on ne peut plus plaisante qu’elle avait de sa personne. D'ailleurs, elle ne bougea pas d'un pouce, se rapprochant tout juste du rivage, son regard perçant posé sur lui, scrutant le moindre de ses mouvements. Il n'y avait pas à dire, il était tout de meme appétissant, le jeune homme. Après tout, Sophie-Anne ne cachait pas réellement son attirance pour lui, même si elle la recouvrait de moqueries, la déguisant en simple jeu.

Et autant dire qu'à le voir frémir de la sorte, elle avait très envie de venir le réchauffer. Oh oui.

Le voyant récupérer les bières tout en ronchonnant -chassez le naturel et il revient au galop- la sirène laissa échapper un ricanement, ainsi que quelques mots en adéquation avec sa pensée de plus tôt. « Je peux te réchauffer si tu veux. » Son rire ne tarda pas à se faire entendre. Alors quelle regagnait le sable à son tour, reprenant forme humaine (et non, elle n'était pas nue).

Avisant sa robe, la jeune femme commença par essorer sa crinière turquoise, avant de secouer le léger tissu blanc et lui tourner le dos. Elle ne pouvait décemment pas la remettre alors que son maillot était trempé ! Ainsi, elle le retira, tout en reprenant la conversation. Car oui, mademoiselle n'avait pas un sens de la pudeur très développé. « Je prends ça pour un oui. » Et autant dire que s'il voyait son visage, le sourire de la demoiselle lui confirmerait qu'elle en était plutôt contente.

Une fois sa robe enfilée, le tissu blanc et fin suffisamment opaque pour ne faire que suggérer sans rien montrer, la jolie lui adressa un sourire amusé, récupérant son maillot trempé. « Ce serait dommage de les finir tout seul. Je me dévoue pour te tenir compagnie. Ta chambre ? » Il fallait dire que la sienne était en bordel. Et mine de rien, elle ne tenait pas à ce qu'il y entre. Pour diverses raisons. « Par contre, faudrait que je passe dans la mienne pour me changer. Sauf si tu tiens à ce que je reste comme ça ~ » Et la voilà qui lui adressait un clin d'œil suivi d'un rictus taquin.

Et ce fut dans cette atmosphère railleuse qu'elle se mit à marcher vers les chambres, un peu pensive tout de même. Étrange soirée, eh.
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Jeu 2 Jan - 18:38
Deus s’était retenu tout ce temps. Avait fait comme si de rien n’était. Essayé de ne pas marcher d’un pas trop pressé. Mais une fois séparé, il avait littéralement sprinté jusqu’à sa chambre, le dos collé contre la porte fermée. Il se laissa glisser le long de celle-ci après plusieurs minutes, son souffle si difficilement retenu s’échappant enfin de sa gorge.

Bordel de merde, Sophie.

Les bouteilles s’entrechoquèrent en frappant le sol. Ses paumes désagréablement moites couvrirent son visage grimé. Un retardataire se faufila entre ses lèvres. L’haïtien se demandait réellement si elle le faisait exprès ; non, en réalité, il était persuadé que ça l’éclatait de faire ce genre de chose. De faire comme si de rien n’était, de le provoquer.

Merde.

Le sweater humide valsa contre le radiateur, suivit de près par son short. Il se retrouva bien vite à déambuler dans la chambre en sous vêtement, en quête de vêtements secs et surtout d’une façon de détacher l’image imprimée sur sa rétine. L’image de Sophie. L’image du corps de Sophie.
Nouveau juron. Il alla se cacher dans un pullover sec et le tira bas, très bas sur ses sous-vêtements mouillés. Ses joues brûlaient, ses doigts frigorifiés aussi. Il dû se débattre longuement avec son jeans pour réussir à le mettre, ou pour admettre ce qui lui arrivait à chaque fois que l’image lui revenait en tête.


Ses cheveux mouillés lui retombaient dans le dos. Au final, Deus avait put tout recommencer ; se changer ne servait pas à grand chose sans avoir pris une douche. Une erreur débile qui ne serait pas arrivée s’il ne s’était pas empressé de s’enfermer à cause de mademoiselle.
Il avait fait vite, très. Voilà pourquoi son pullover sec se trouvait à présent détrempé par ses mèches décolorées. La seule solution qui s’offrit à lui fut de les attacher, puis de rester près du radiateur monté à bloc en espérant que ça sèche. Et seulement au dernier moment, il se décida à quand même enfiler autre chose en désespoir de cause. Ce fut en finissant de tirer son pull sur son ventre qu’il ouvrit la porte à Sophie. Sophie qu’il fut surpris de voir aussi couverte par rapport à sa précédente tenue. Sophie qui ne manqua pas de faire revenir l’image dans sa tête.
Deus lui avait rapidement tourné le dos, marmonnant quelque chose sur l’état de la chambre –qui franchement, était plutôt respectable pour un gugus de son âge. Puis il se laissa retomber sur le bord de son lit et ouvrit la fenêtre pour attraper deux bouteilles, le courant s’engouffrant dans la chambre. « Elle vont pas se vider toute seule. » Son ton était redevenu bougon, presque plus que d’habitude. Et ça, c’était entièrement la faute de Sophie.

Sophie et son maillot.

Sophie et sa robe blanche.

Sophie sans son maillot ni sa robe blanche.

Putain.
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Jeu 2 Jan - 20:40
Elle n’avait pas remarqué son trouble, Sophie. Parce que même si c’était une peste et une vraie chieuse, elle n’avait pas pris en compte le fait qu’il l’ait regardée. Parce que pour une fois, ce n’était même pas une histoire de l’asticoter ou de l’embêter, non. Ni de le faire tourner n bourriques. Bon, évidemment, quand on manquait de pudeur comme elle, ça n’avait rien de très étonnant. Simplement, elle ne s’était pas dévêtue devant lui pour le provoquer, mais juste par pur sens pratique.

Et ils avaient fini par se quitter une fois arrivés dans les résidences d’étudiants, la demoiselle lui lâchant juste qu’elle le rejoindrait, et voilà. Parce qu’elle était encore un peu pensive, pour le coup, et ce bien malgré elle. Mine de rien, leur relation était passée de « on se déteste et on s’en fout plein la gueule » à « allons boire dans ma chambre ». Ça avait de quoi surprendre, même elle. Oui, même la grecque, reine des emmerdeuses. Parce que c’était inattendu. Agréable mais inattendu. Et ça lui rappelait les premières fois où elle avait tenté de l’approcher parce qu’il lui plaisait vraiment. Quoi qu’en fait… Ça n’avait peut-être pas changé, au final, même si à ses yeux, tout était toujours un jeu. Parce que c’était plus facile de ne pas se bruler si on prenait tout à la rigolade. Enfin, quelque chose avait changé. Cette fois, il ne l’éloignait pas de lui.

Arrivée dans sa chambre, la demoiselle s’était rapidement glissée sous la douche, histoire de réchauffer sa peau glacée. Autant être dans l’eau ne la dérangeait pas, autant une fois en dehors, elle s’avérait être bien plus frileuse qu’elle ne voulait bien l’admettre, et c’était surement par fierté qu’elle n’avait fait aucun commentaire dessus, laissant monsieur râler tout seul. Alors, la douche était la bienvenue, quoi que rapide. Juste de quoi se réchauffer un peu et débarrasser sa crinière turquoise du sel marin, avant de de prendre d’assaut son armoire, une fois ses sous-vêtements enfilés. Une combinaison noire matte et moulante, rien de très incroyable, par-dessus laquelle elle passa un cardigan asymétrique. De quoi la tenir au chaud, mais pas seulement. Sophie était du genre opportuniste, depuis toujours. Et à souvent réfléchir loin, envisager un peu trop de possibilités et de « et si ? » (et parfois pas du tout, selon la situation). Et ce n’était donc pas pour rien qu’elle portait des vêtements aussi couvrants. Oh non.

Ce fut la chevelure encore un peu humide qu’elle quitta finalement la chambre, emportant avec elle son paquet de clopes, son portable et ses clefs. Et maintenant que la douche bouillante avait chassé ses interrogations, elle était redevenue égale à elle-même. Fière et hautaine, un sourire railleur collé aux lèvres et son regard perçant brillant d’amusement.

« Tu t’es habillé pour moi ? T’aurais pas dû, eh. La vue à la plage était plutôt pas mal. » Carrément pas mal, même. Et oui, ce furent les premiers mots qui la quittèrent après qu’il lui ait ouvert la porte.

Terriblement curieuse, la demoiselle jeta rapidement un coup d’œil aux lieux. C’était mieux rangé qu’elle ne l’aurait cru. D’un autre côté, il ne devait pas être de retour depuis longtemps, alors ceci expliquait cela. Quoi que bon, elle n’était pas bien placée pour juger, vu le bordel qu’était la sienne, de chambre.

« Toujours aussi aimable, hein. » Un rire lui échappa, alors qu’elle prenait place sur le lit avec lui, abandonnant ce qu’elle tenait en main sur la table de chevet. Récupérant une bière entre ses doigts, elle l’ouvrit, la portant à ses lèvres. Pour ensuite glisser un regard en coin vers son compagnon, étonnement silencieuse. Surement cherchait-elle une bêtise à dire, quelque chose du genre. De quoi le taquiner un peu plus. « Tu m’étonnes de plus en plus. » Un sourire. « Je pensais pas qu’un jour tu me laisserais venir dans ta chambre. » Son sourire se fit alors railleur et plein de sous-entendus, alors qu’elle appuyait sa joue contre l’épaule de son compagnon, avalant une autre gorgée de bière.
Mine de rien, elle était sérieuse au fond. Les évènements prenaient une tournure particulière, et pas désagréable, autant dire ce qui était.

« La prochaine étape c’est quoi ? Tu me laisse t’embrasser sans râler ? » Son sourire était taquin, mais il y avait quelque chose de presque sérieux dans sa voix, alors que son regard glissait sur sa bouche, justement, après qu’elle se soit redressée.

Faut dire qu’elle ne serait pas contre.
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Jeu 2 Jan - 21:17

Il ramena ses jambes sur le lit pour se mettre en tailleur ; car il avait une raison de le faire, avec l’autre pimbêche aussi proche de lui. Son genou arriverait peut-être à remettre un peu d’espace entre eux, qui sait.

En tout cas, son épaule faillit bien s’en charger lorsque Sophie s’appuya contre elle. Un bête réflexe qu’il réprima difficilement. Et bien heureusement, ça ne dura pas, car l’haïtien n’était pas particulièrement à l’aise avec la conception de l’espace vitale de mademoiselle. « Et moi donc. » un peu en retard sur le coup. Mais oui, il s’étonnait lui-même ; ou du moins, il ne se comprenait plus. Quelle idée débile de l’invité là, il aurait juste pu la planter et mettre fin à tout ça. Elle et sa foutu robe.

Elle et ses foutues question.

Il dût redevenir rouge comme une pivoine, vu les picotements qui prirent ses joues. La capsule de sa bière gicla, lui donnant quelques maigres secondes pour répondre. Et répondre quoi d’abord ? Est-ce qu’il fallait répondre a cette provocation ? « Tu sais très bien que je ne peux pas. » Il ne lui avait même pas adressé un regard en prononçant ces mots, les lèvres encore appuyées contre le goulot frais de sa bouteille.

La réflexion autours du simple fait de s’embrasser et les souvenir qu’elle amenait avait suffit à lui permettre de décroiser ses jambes.

Son dos était appuyé contre le mur adjacent au lit. Elle n’était pas bien grande, cette chambre, et paraissait encore plus petite avec deux personnes en son sein. Une grande nouveauté, heh ; jusque là, personne d’autre que lui n’y était entrer, tout comme l’ancienne. Ouais, Sophie avait ce privilège ; et elle le foutait en l’air en parlant de chose impossible. En lui rappelant ses limites rachitiques. « et c’est pas comme si j’avais envie de t’embrasser. » Roh, voilà que monsieur sortait les griffes et les mots méchants. Comme quoi ça ne le laissait pas tant indifférent, cette histoire.
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Jeu 2 Jan - 21:58
S’il y avait bien une chose que Sophie avait du mal à concevoir, c’était l’espace vital et personnel d’autrui. Disons qu’elle-même n’avait jamais eu de problème particulier à ce que les autres soient proches. Ça et le fait qu’elle était surement un peu trop égoïste pour se rendre compte qu’elle le dérangeait et l’embarrassait. A moins que cela l’amusait, encore une fois. Et vu son caractère de peste incapable d’être réellement sérieuse, trop idiote ou couarde, ce ne serait même pas étonnant. Oh non. Au final, difficile à dire.

Et il avait la bougeotte. Elle s’en était rendu compte sans trop de mal, à vrai dire. Un moment il avait les jambes croisées, et l’autre, il finissait par les tendre à nouveau. Somme toute, il lui donnait l’impression de ne pas savoir comment se tenir. Ça avait quelque chose d’assez adorable en fait, si on mettait de côté le fait qu’elle était la cause de cet inconfort, encore. Et qu’une fois de plus, ça n’avait pas l’air de la déranger. Parce qu’elle était pire qu’une enfant capricieuse. Elle voulait être près de lui, pour quelques raisons obscures, et qu’importe si ça le dérangeait. C’était foutrement égoïste et détestable de sa part, pour sûr. Mais elle était ainsi, et il faudrait du temps pour qu’elle change. Si quelqu’un tentait de la faire changer, évidemment.

Une moue railleuse étira ses lèvres en l’entendant. Ah, il était bien trop défaitiste. Oh, la grecque était à des miles de pouvoir comprendre qu’est-ce que c’était d’avoir un tel pouvoir, et dans l’état actuel des choses, il y avait peu de chances qu’elle tente de comprendre. Encore un peu trop prise par le jeu, elle qui ne considérait pas sérieusement ce qui se passait là, parce que ça avait un petit côté inquiétant, le sérieux. Trop pour elle, éternelle gamine immature.

« T’es vraiment détestable quand tu t’y mets, hein. » Et voilà qu’elle semblait bouder tout à coup, préférant rediriger ses lèvres vers le goulot de sa bouteille que les siennes, tiens. Quel con. Puis maintenant qu’elle y avait pensé, elle voulait vraiment l’embrasser. Pourtant, elle finit par déposer la bouteille sur la table de chevet, pour ensuite se tourne vers lui, une main appuyée sur le lit pour la soutenir. Et elle le dévisageait, Sophie-Anne, sans se défaire de son sourire, son visage proche du sien. « C’est vrai, ça ? » Un soupire. « Je veux bien comprendre que ça a dû te pourrir la vie et que ça doit juste être invivable, mais. Quand quelqu’un tente quand même de t’approcher malgré les avertissements, tu devrais arrêter de montrer les crocs. » Oh. Voilà qu’elle lui lançait quelque chose de tout à fait sérieux et quelque peu réfléchi. C’était rare.

Et elle finit par reculer à nouveau, s’étirant vaguement s’adossant au mur à son tour, fixant ses genoux, ses doigts lissant le tissu moulant. « Je sais très bien que je suis qu’une pétasse parmi les autres. Mais ça change pas le fait que je m’intéresse à toi et que je tente de te connaître un minimum. » Un bref regard en sa direction, un sourire à nouveau, et elle perdait déjà de son sérieux. Ca ne lui allait pas, il fallait croire. Ou juste n’avait-elle pas envie de lui donner l’impression qu’elle se prenait la tête ou qu’elle était peut-être plus qu’une pisseuse.

Un baiser sur sa joue. Voilà quel fut finalement son geste. Geste n’ayant duré que quelques instants, mais tout de même. Et ses doigts s’étaient glissés sur son bras, lissant le tissu. « Puis tu vois. J’suis pas morte. Je vais bien. » Et elle lui tira la langue, s’éloignant légèrement, se penchant pour récupérer son portable. Sans grande raison, en fait. Peut-être juste pour oublier que c’était ses lèvres qu’elle voulait, et pas juste sa joue.
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Lun 13 Jan - 22:35
La remarque de sa camarade lui fit froncer les sourcils. Se faire remettre en question sur ce genre de sujet ne lui plaisait pas des masses, il fallait l’avouer. Encore moins lorsque la personne qui osait le faire se trouvait être la greluche locale.

Enfin, Deus se calma un petit peu en entendant la suite, son expression contrariée ne quittant pas son visage pour autant. Ha, parce que ça l’énervait, de l’entendre dire ça. Ça avait quelque chose de soulageant, un peu de baume sur son pauvre cœur, mais ça ne lui attirerait que plus de soucis. Parce qu’il ne pouvait pas se permettre de s’approcher de quelqu’un, au risque de se faire du mal, et de lui faire du mal.

C’était comme ça, et pas autrement.

Il sursauta. Une fois de plus, trop souvent en compagnie de Sophie. Trop souvent à cause de Sophie. Sa main recouvrait déjà l’endroit où elle l’avait touché, une fraction de seconde, et pourtant la sensation ne voulait pas s’en aller. Là, sur sa joue, comme si elle l’avait brûlé. Brûlé d’une façon agréable. Douloureuse mais agréable, tout comme ce qu’elle lui disait, là, l’air de rien, en s’éloignant, faisant mine de rien. Comme toujours. Comme pour lui prouver qu’au fond, elle avait raison. Encore. Toc. Echec et mat. Pas moyen pour un pion de gagner contre la reine.

Pas si il attendait sagement sur sa case d’être giclé de la partie.

On aurait crût qu’il l’aurait fait, à la vue du silence gênant qui s’installait dans sa chambre. Ou plutôt la gêne occasionnée par le simple fait de l’entendre respirer, là, à côté de lui. De sentir cette autre présence dans cette chambre habituellement vide. Il crut pouvoir entendre son cœur battre, avant de réaliser que c’était bel et bien le siens qui faisait tout ce boucan.
L’haïtien s’était penché vers elle, assez proche pour sentir son souffle contre sa peau. Beaucoup plus proche que ce qu’il tolérait. Il avait avalé le peu de distance que sa camarade avait mis entre eux un peu plus tôt, et restait là, l’observant de si près. Sans bouger, ni agir. Non, juste la jauger de là. « Heh, j’estime que ce serait le moment idéal pour t’embrasser. » Il recula, partit aussi vite qu’il était venu, et pris une gorgée de bière. Oh, monsieur faisait son cynique, mais il ne pouvait nier qu’il y avait pensé. Qu’il allait le faire. Qu’il s’était décidé au moment où sa main s’était appuyée sur le matelas pour lui servir d’appui. Avant de réaliser la débilité de la situation. Ce cliché, cette connerie dans laquelle il avait faillit tomber, leurré par un tout petit bisous. Seul ses joues brûlantes pouvaient témoigner de cette idée fugace. Ce mouvement stupide sur l’échiquier. « Le jour où tu me gerbes dessus après avoir joué avec le danger, tu comprendras pourquoi je montre les crocs. »
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Lun 13 Jan - 23:43
Oh, il ne fallait pas se leurrer : Sophie-Anne savait pertinemment que monsieur n’admettrait pas si facilement quoi que ce soit. Voir même n’admettrait rien du tout, et ce même si elle lui en mettait des preuves claires et irréfutables sous le nez. Pour ça, il était surement aussi buté et borné qu’elle. Autant dire que ça ne l’arrangeait pas vraiment. Même si d’un autre côté, ça avait quelque chose de follement amusant, ce petit jeu de savoir qui a raison et qui a tort. Et pour l’heure, elle avait la très forte impression d’être celle qui gagnait.

Son sursaut ne lui avait nullement échappé, et ce même si elle était plongée dans l’observation de son portable. Qu’elle avait récupéré dans l’espoir d’y voir un texto, quelque chose. Autant pour se distraire que pour effacer cette stupide impression qui souvent lui revenait en tête. Mais il n’y avait rien. Comme elle s’y attendait, de toute façon. Parce qu’au fond, elle n’avait pas de vrais amis, la grecque. Oh, pour l’heure, elle était entourée, on l’aimait et la jalousait autant que certains pouvaient la haïr. Mais elle savait très bien que le jour où elle aurait réellement besoin de quelqu’un, personne ne serait là pour la soutenir ou lui donner un coup de main. Parce que ce n’était que des amitiés factices et futiles, tout comme elle au final.
Alors oui, mieux valait se concentrer sur ce sursaut, petite marque d’une autre victoire. De quoi si facilement flatter son égo de peste insupportable. Et c’était d’ailleurs plutôt étonnant qu’il ne l’ait pas encore fichue dehors, tiens.

Cela dit, elle n’avait pas vraiment prévu la suite. Oh non, la grande Sophie si fière n’avait rien vu venir. Et c’était sans un mot qu’elle le fixait, à présent qu’il s’était rapproché d’elle, la dévisageant de la sorte. Il était proche, si proche que son souffle la chatouillait un peu, si proche que son cœur battait déjà un peu plus fort. Mais la légère appréhension qui s’était installée s’envola aussi vite que son sourire lorsqu’il se rétracta finalement, préférant s’intéresser à sa bière. La jeune femme lui en voulait, tout à coup. Parce que comme une idiote, elle avait réellement cru qu’il l’embrasserait. Elle se haïssait pour cela, pauvre idiote naïve, et plus encore se détestait de l’avoir souhaité. Car autant aimait-elle le taquiner qu’elle ne pouvait tolérer qu’il en fasse de même. Surtout pas. Encore moins s’il arrivait à la troubler par-dessus le marché.

Ainsi, elle ignora royalement sa remarque suivant. Tout juste laissa-t-elle échapper un soupir agacé, avant de le saisir par le col de son pull et le tirer vers elle, ne lui laissant d’autre choix que d’abandonner sa bière. Cela se voyait dans son regard qu’elle était outrée, tout comme ses joues encore rougies la trahissaient.
Et cette fois, elle l’embrassa. Un baiser qui ne dura pas longtemps, mais qu’importe. La jeune femme garda ses lèvres contre les siennes jusqu’à ce qu’elle sente de désagréables picotements. Et là seulement elle le lâcha, le repoussa même, sans un mot. Non, au lieu de cela, elle préféra récupérer ses clopes et son briquet, pour ensuite quitter le lit et rejoindre la porte-fenêtre donnant sur un semblant de minuscule balcon, dont chaque chambres étaient pourvues. Faisant fi du léger vertige qu’elle ressentait tout à coup.

Surement ne s’en rendait-il pas compte, mais elle était en colère, tout à coup. Lui tournant le dos, se focalisant sur sa cigarette, elle ne pouvait s’empêcher d’être agacée, presque outrée. A cause de lui, qui l’avait faite réagir ainsi. Parce qu’il l’avait frustrée, à lui faire croire qu’il allait vraiment l’embrasser. Et ça, ça mettait son jeu à mal, ça la déstabilisait un peu. Trop même. Et tout ça ne devait rester qu’un jeu, non ? Tout le reste la dépassait, et elle ne pouvait pas se permettre cela. Tout comme inconsciemment, le fait que cette situation devienne sérieuse avait quelque chose d’effrayant.

« Dis, t’es déjà sorti avec une fille ? » Allez, elle devait se calmer. Reprendre la partie comme si de rien était, jouer à la pétasse sans cervelle. « Ca te dirait pas qu’on sorte ensemble, hm ? Que je te prouve que j’ai raison. » Une fois de plus. C’était la seule raison qui la poussait à demander cela. Et quelle stupide demande, hein ! Elle le connaissait à peine, et voilà qu’elle voulait qu’il soit son petit-ami ? Ca ne changeait pas beaucoup de ses autres relations. Parce que Sophie-Anne, elle ne s’avait pas comme s’y prendre autrement. Tout prendre à la rigolade était tellement plus simple, quoi qu’il arrive.

Et pour le coup, elle ne serait pas contre l’embrasser à nouveau.
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Mer 29 Jan - 17:28

Sophie l’avait ramené en arrière, arraché au présent pour changer le cour des choses, les variables, toutes ces théories quantiques dont il ne connaissait même pas l’existence. Elle le prit tant au dépourvu qu’il en oublia de réagir. Ou peut-être que son cerveau s’était convaincu qu’après tout, c’était ainsi que ça devait se dérouler, et pas autrement. Que Sophie n’avait fait que rectifier son faux pas. Que c’était normal. Le destin, même, mais Deus ne croyait pas en ces conneries.

Elle, en revanche, n’hésita pas à la repousser, ni même à le laisser tout seul sur son lit, encore tout perturbé. Ha, apparemment, la princesse des mauvaises blagues n’aimait pas goûter à sa propre concoction. Ha, pour le coup, il fallait avouer que sa réaction l’agaçait. Bien plus que ses airs de pimbêches. Parce qu’elle lui disait d’arrêter de montrer les crocs et ne se gênait pas pour le faire lorsque l’on lui rendait la pareille. Elle avait eut le culot de lui faire la morale, et il avait eut l’idiotie de l’écouter.

Et pourtant, Deus ne pouvait nier que ça l’avait perturbé bien au-delà de tout ce ressentiment.

Il resta dans l’encadrement de la porte fenêtre, un peu plus en retrait même. A cet instant, il n’avait même plus envie d’être là, dans sa propre chambre, à subir ce mélange émotionnel et ce léger malaise. La voix de la jeune femme réussit à peine à lui faire lever le nez, et la suite ne lui soutira qu’un grognement. Se fut seulement à cet instant qu’il fit un pas pour combler la distance entre eux. La froideur du carrelage remonta le long de ses jambes jusqu’à secouer légèrement ses épaules. Un frisson, encore, mais pas provoqué par mademoiselle ou une quelconque excuse.
L’haïtien tendit le bras, obstruant un instant le vision de sa camarade, et extirpa la cigarette de ses pour lui faire faire le grand saut. Oh, pas à Sophie ; pas comme cette dernière fois sur le toit, dernière démonstration de stupidité extrême après sa déclaration. Un minuscule point incandescent brilla un instant dans la pénombre, avant de disparaître dans l’obscurité. « Tu sais ce que c’est ton problème, Sophie ? » Il avait pris la parole avant qu’elle ne puisse faire sa crise de diva, ou dieu sait quelle réaction débile ce petit geste engendrerait. Au moins, toute son intention serait sur lui, à présent. « C’est qu’tu fais aux autres ce que t’aimerais pas qu’on te fasse. Et après, tu fais une scène lorsque ça arrive. »

Son regard tomba de l’autre côté de la barrière, las de soutenir éternellement celui de Sophie. Pas lorsqu’elle le regardait comme ça. Pas lorsqu’il s’engueulait pour de telles conneries. « Tu donnes l’impression de te foutre de tout. » Au pire, si elle en avait marre de son sermon, elle pourrait toujours lui faire rejoindre sa cigarette. « T’as bien vu ce que ça fait de se faire narguer, non ? »
Il concentrait son regard sur le ciel sombre, pas encore tout à fait noir. Une constatation hors sujet. Une bête tentative de son cerveau pour se préserver, s’éviter de dire des conneries.

« Je veux pas sortir avec toi si c’est pour que tu me prouves quoi que ce soit. »

De ce genre.

Ce fut la goutte qui fit déborder la vase. La phrase en trop, celle qui s’était terminée en chevrotant, les dents et les poings serrés. Le jeune homme était rentré avant même de la finir. Il avait complètement oublié qu’une poignée de minutes auparavant, il avait vécu son premier vrai baiser, et que l’air de rien, ça avait été vachement cool. Ou alors justement, c’était ce foutu baiser qui rendait les mots de Sophie aussi blessant. « T’es vraiment conne, merde ! »

Difficile de dire lequel serait le plus blessé par l’autre, pour changer.
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Mer 29 Jan - 19:20
Ca n’avait pas été le geste le plus réfléchi de l’année, pour sûr. Et même, ça avait été carrément stupide, dévoilant une fois de plus à quel point elle était loin d’être forte, à quel point son attitude n’avait ni consistance ni logique. Parce qu’elle agissait souvent de façon contraire à ce qu’elle pouvait dire, prenant un malin plaisir à faire la morale sans cependant suivre la moindre de ses paroles. Ah non, désillusionnée ou juste stupide, Sophie était au-dessus de cela. Pas besoin de faire des efforts pour les autres; et pas question de se remettre en question, quoi qu’il arrive. A moins que cela ne l’aide à avoir raison, et encore. Au fond, elle n’était qu’une enfant trop capricieuse et qui pense pouvoir agir à sa guise, sans jamais devoir assumer les conséquences. Tout en se plaisant à faire comprendre aux autres que le monde ne tournait pas autour d’eux. N’y avait-il pas plus hypocrite que cela ? Surement pas.
Et le pire dans tout ça, c’était qu’elle ne le faisait pas forcément exprès.

Le silence dans la pièce avait quelque chose de dérangeant tout à coup, atrocement oppressant. Tirant sur sa clope pour passer sa frustration et son agacement, mais aussi oublier son agitation intérieure et son envie de l’embrasser à nouveau, la grecque ne réalisa pas immédiatement qu’il s’était levé. Et encore moins qu’il se trouvait juste derrière elle, le balcon plutôt étroit pourtant.
Ce ne fut que lorsqu’il fit un pas de plus et lui subtilisa sa cigarette qu’elle réalisa, laissant échapper un juron. Sauf qu’il lui coupa la parole. Et lui cloua le bec.
Mais Sophie ne voulait pas avoir quel était son problème. Sophie n’avait pas envie de voir la vérité en face. Parce que â reviendrait à admettre que sa personne était un foutu champ de bataille; un chaos sans la moindre logique, et qui l’ébranlerait bien trop s’il venait à être dévoilé au grand jour.

Elle aurait voulu qu’il se taise, qu’il s’en aille et arrête de lui faire la morale. Sans se rendre compte que lui-même aurait surement voulu éviter ça. Sauf que tous les deux avaient un sale caractère, et que la demoiselle était une foutue pimbêche incapable de suivre ses propres conseils. Et le pire dans tout ça, c’était qu’il avait raison. C’était surement ce qui la dérangeait le plus. Parce que oui, elle avait détesté qu’il agisse de la sorte, au moins autant qu’elle pouvait se haïr d’y avoir cru. Et oui encore, elle détestait être prise à son propre jeu. Elle détestait qu’on comprenne qu’elle n’était pas si intouchable que ça, au contraire même.

A présent, la jeune femme ne souhaitait qu’une seule chose. Qu’il se taise. Qu’il arrête de parler. Parce qu’il avait raison, bien trop. Était-ce donc cela que lui ressentait quand elle lui faisait la morale ? Surement. Probablement. Mais elle s’en fichait, elle n’était pas lui. Elle ne voulait pas admettre quoi que ce soit, avouer qu’elle était complètement perdue, sous ses airs de princesse.

Le regard rivé sur l’horizon, ou le peu qu’on en voyait encore avec la nuit s’installant, la grecque encore gardait le silence. Ses doigts étaient crispés sur la rambarde, une moue agacée peignant son minois.
« Tais toi… » Mais ça n’avait été qu’un souffle, et il n’avait rien entendu. Non, il avait continué à parler, Deus, et ce qu’il finit par lui dire l’acheva un peu plus. Oh oui, ça faisait mal de se prendre un refus de la sorte. Elle n’était pas amoureuse de lui, Sophie, absolument pas. Mais l’attirance était là malgré tout, et l’étrange affection totalement stupide qu’elle semblait avoir développé pour lui également. Alors oui, ça lui faisait mal. Surtout quand c’était la première fois qu’elle se prenait un refus de la sorte.

Il pouvait bien la penser conne ou tout ce qu’il voulait, elle s’en fichait bien tout à coup. Parce que là, il avait réussi à lui faire de la peine, pour de vrai. Et ça n’avait rien à voir avec l’agacement d’il y a quelques minutes, absolument pas. Là, ça la touchait vraiment, et c’était perturbant, elle qui était au-dessus de tout habituellement. Tout n’était qu’un jeu, non ? Mais en cet instant, elle avait du mal à s’en convaincre une fois de plus. Parce que son cœur battait trop fort dans sa poitrine –bien trop fort- et qu’elle se sentait perdue. Agacée et en colère. Mais aussi triste. Et elle n’aimait pas cela. Ca ne lui ressemblait pas de se faire déstabiliser e la sorte, si facilement et en si peu de mots. Ça devait être la faute de la fatigue. Voilà tout. Ou le fait qu’elle n‘aimait pas être en tort.

Sans un mot, elle fit quelques pas, tirant sur les manches de son pull, rageusement. Pour le coup, Sophie ne savait plus si elle était en colère ou peinée, si elle devait rire ou le gifler. Elle ne trouvait pas la meilleure façon d’agir, et même si elle tenait plus que tout à garder la face, elle réalisait qu’elle n’y arrivait pas. Pourquoi ? Ah. Bonne question.

« T’es au moins aussi con que moi. » Voilà tout ce qu’elle trouva à dire, le ton morose et le visage sombre. Et de toute les choses qu’elle aurait pu faire –l’embrasser à nouveau, s’excuser, admettre qu’il avait raison- elle choisit l’option la plus stupide : la fuite. Oui, elle se dirigea vers la porte, se drapant dans sa pseudo-dignité abimée, faisant la fière alors qu’elle n’en menait pas large.
Et, les doigts sur la poignée, elle finit par laisser d’autres mots s’échapper : « Je pensais que ça te plairait, de te montrer qu'être avec quelqu'un ça pouvait être bien, et que tu méritais d'être apprécié. » Parce que oui, Sophie, en plus d’être capricieuse et idiote, était parfois maladroite avec les mots. Et que lorsqu’elle s’exprimait, on finissait souvent par mal interpréter ce qu’elle voulait dire. Le tout donnant ce genre de situation désagréable. Mais ça n’excusait en rien son égoïsme flagrant et son attitude de pisseuse, loin de là.

Puis elle sortit, sans un mot de plus. Fermant la porte un peu trop fort et oubliant là son portable, ses clopes et son briquet. Et sa fierté, pour le coup.
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Dim 2 Fév - 0:01

C’était étonnant de sentir autant de sérieux dans la voix de Sophie. Etonnant, et angoissant aussi. A moins que sa gorge ne soit serrée à cause d’un chagrin, mais comme d’habitude, Deus préféra ne pas considérer l’option. Non, il avait une bonne raison d’être énervé, mais aucune de se sentir triste.

Pourtant, en la voyant déjà à la porte, il ne put s’empêcher de regretter ses mots. Quelqu’un devait bien lui dire ses quatre vérités un jour, mais pas aujourd’hui. Pas ce soir. Pas alors que tout se déroulait –contre toute attente- aussi bien.
Mais lui courir après pour l’empêcher de partir serait stupide. Ce serait admettre être aussi contradictoire qu’elle, ou lui prouver qu’il était bel et bien un con. Enfin, dans ce cas-là, il venait de lui faire une très bonne démonstration ; ce n’était plus un fait à démontrer. Une belle paire de cons, ces deux là. Décidément incapable de passer plus d’une demi-journée sans blesser l’autre. Et dans la matière, Sophie venait d’exceller avec sa dernière déclaration.

L’haïtien fit le lâche, ou le rancunier. Beaucoup des deux, en proportions exagérées et honteuses. A vrai dire, il resta assis sur son lit en silence pendant un bout de temps. Réfléchissant à rien et tout en même temps, les évènements de ses derniers jours se bousculant dans son esprit. Elle lui en apportait du trouble, avec ses paroles volatiles et ses gestes ambigus. Il était loin de croire que mademoiselle ne cherchait pas à lui prouver quelque chose de superflu avec sa soudaine proposition. Qui pouvait s’y attendre, de sa part ? Qui pouvait se targuer de savoir qu’elle ne cherchait pas juste un nouvel accessoire ? Après tout, à la base, elle ne donnait que cette impression.

Il ne remarqua ses affaires qu’après avoir tourné en rond un bon moment. Le portable de Sophie, les clopes de Sophie, le briquet de Sophie. La clope de Sophie qu’il avait balancé par-dessus le balcon. La clope de Sophie qui gisait sur le sol. La clope qui se tenait entre ses lèvres tièdes.




« Tu sais que j’ai pas envie de m’excuser. J’pense pas que j’ai à le faire, en fait. » Une gorgée de bière l’aida à desserrer sa gorge, bien qu’elle fut tout de même douloureuse à avaler. « Ou peut-être que depuis le temps que je cumule les moulures, c’est justement ce que je dois faire. Mais j’ai quand même pas envie. » Les jambes ramenées contre son torse, il appuya sa tête contre la porte. A cette heure-ci, personne ne passait dans les couloirs. Soit les autres s’étaient déjà refugié dans leurs chambres, soit ils faisaient la fête autre part sur l’île. Mais au fond, il se foutait bien qu’on le surprenne, lui et son monologue débile. « Je pense que le fait que j’aie ramené mon cul devant ta porte est déjà suffisamment humiliant sans que je vienne encore quémander ton pardon. » La boisson fruitée n’était même plus si fraiche que ça, depuis le temps qu’elle trainait dans sa chambre. Même avec la porte fenêtre toujours ouverte, elle avait déjà pris cette légère tiédeur dégueulasse. « En même temps, si t’avais pas laisser ton merdier traîner dans ma chambre, je serais sûrement pas venu. On se serait peut-être plus jamais parlé en fait, parce que je doute que tu serais revenue dans mes pattes après ce qui s’est passé. » Est-ce qu’elle l’entendait seulement ? Si ça se trouvait, elle écoutait de la musique, ou un truc dans le style, et il causait dans le vide. Peut-être que ça vaudrait mieux, peut-être pas. C’était culoté de lui dire tout ça. Culoté, mais sincère, au moins.

Il marqua enfin une pause. En partie pour voir s’il pouvait entendre quelque chose, une réaction, un soupir, une râle de l’autre côté de la porte -n’importe quoi qui puisse confirmer son doute. Et pour reprendre ses esprits, réfléchir à le suite, aussi, car il ne pouvait pas éternellement tout nier en bloc et chercher des excuses, même si elles faisaient partie de la vérité. « T’sais… » Son ton se fit déjà plus hésitant, moins bougon. Les mots devenaient aussi plus difficiles à trouver, les sentiments moins faciles à exprimer. « Ça m’a fait de la peine, ce que t’as dit avant de te barrer. Pas que je te le reproche. Je crois que je m’en veux plus à moi qu’à toi, même si t’es de loin pas exemplaire. » A ce stade là, Deus préféra mettre son monologue sur le compte du nombre de bière déjà enfilée. Il savait pertinemment qu’il n’avait de loin pas assez bu pour sortir autant de conneries, mais ça lui donnait une bonne raison pour continuer. « Je suis pas sûr de mériter d’être apprécier. Je pense aussi que tu t’es rendu compte que c’est pas vraiment le cas. » Toujours le même discourt, mais après ce qui s’était passé, il prenait un tout autre aspect. Il ne ressemblait plus à une plainte d’enfant mal aimé, juste à une triste vérité d’or et déjà prouvée. « M’enfin. Peut-être qu’un jour, on me prouvera le contraire, mais j’y croit moyennement. La seule chose dont je suis sûr, c’est que si je m’en veux à ce point, c’est que je dois pas uniquement te considérer comme une conasse. » Nouvelle gorgée, moins difficile à faire passer, étrangement. « Ça, ça fait mal à admettre. » Oh, cette petite intervention, il l’a murmura à lui-même, histoire de pas foutre en l’air davantage les choses. Si encore il y avait quelque chose à sauver.

Le jeune homme inspira profondément, le fond de sa bière ballotté par le mouvement régulier de son poignet. Un exutoire à sa nervosité. A sa gêne aussi, sans doute. « Je vais passer pour un bâtard, mais à ce stade là, je crois qu’il reste pas grand chose à sauver de ma réputation. » Léger rire, un peu amer, surtout moqueur. « Mais je tenterais bien l’expérience. Sans jeu ou je sais pas quoi. Sérieusement. »

Ça faisait aussi mal de l’admettre, ça.
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Dim 2 Fév - 21:40
Au fond, elle avait stupidement espéré qu’il la retienne, qu’il se lève et la rattrape. Un geste un peu trop cliché qu’on ne voit que dans les films, un espoir totalement idiot qu’elle se détestait d’avoir eu. Plus encore en réalisant que ça n’arriva pas. Non, aucun Deus n’émergea de la chambre, aucun Deus ne tenta de la retenir. Elle se retrouva juste seule avec elle-même, Sophie. Seule avec sa connerie profonde et sa lâcheté sans précédents. Seule à se jeter sur son lit, le visage enfoui dans les coussins, histoire de jurer un bon coup sans être remarquée par personne, même si le coin était relativement désert.

Elle lui en voulait, terriblement. Parce qu’il agissait comme un connard fini –en quoi était-ce étonnant au fond ?- et la poussait à agir de façon plus stupide encore qu’à l’accoutumée. Et comment oublié cette douleur soudaine qui avait étreint sa poitrine face à son refus ? C’était la première fois qu’on refusait ce genre de choses –qui serait assez idiot pour ne pas accepter de sortir avec une fille aussi jolie, hein ? Oui, c’était la première fois et ça faisait mal, un peu trop à son goût. Le tout donnant naissance à un mélange de frustration et de colère, de peine et de trop de choses encore pour qu’elle soit capable d’y dénicher quoi que ce soit de cohérent.

Puis finalement, elle s’était levée, réalisant qu’elle avait oublié ses affaires. Ca faisait chier, tiens. Mais pas question d’y retourner. Parce qu’elle avait trop de fierté la grecque, ou qu’elle était juste un peu trop idiote aussi, bornée comme une vraie gamine. Comme lui au fond. C’était con à dire, mais au final. Ils se ressemblaient pas mal, ces deux idiots. Butés comme des ânes et si facile à énerver, toujours à vouloir mordre plus fort que l’autre. Pas sûr que cela les aide à se rapprocher, par contre, surtout pas en voyant le résultat de cette soirée qui jusque-là, pourtant, avait été des plus agréables.

Occupée à se changer, pensive dans cette chambre silencieuse, tout comme le couloir et les alentours d’ailleurs, elle finit par entendre des bruits de pas. Dans un premier temps, elle ne s’y pencha pas, surement était-ce juste quelqu’un passant par là. Sauf que les bruits s’arrêtèrent devant sa porte. Et qu’une voix remplaça les pas. Une voix qu’elle reconnaissait.
C’était Deus.

Sourcils haussés, elle garda le silence pourtant, se rapprochant de la porte, sans un bruit. Non, elle voulait juste l’écouter sans se faire remarquer. Pourquoi venait-il donc si c’était pour lui dire qu’il ne voulait pas s’excuser ? C’était complètement con. Franchement, ça ne valait pas la peine de se déplacer si tout ce qu’il trouvait à lui dire, c’était qu’il n’avait pas envie de lui présenter des excuses.
Mais elle ne dit rien la demoiselle, au contraire. Elle resta devant se porte, fixant le bois de celle-ci, avant de finalement se laisser glisser contre, adoptant la même position que lui, sans en avoir conscience. Et l’entendre l’agaçait autant que la rendait toute chose. Parce que oui, le savoir là c’était inattendu, et autant le dire, elle aurait plutôt pensé qu’il ne lui adresserait plus la parole, et que leur relation serait comme avant : elle qui lui court après sans cesse, cherchant toujours de quoi l’agacer et le faire tourner en bourrique. Mais non. Et lorsque lui-même évoqua son avis sur le sujet, un sourire amer peignit les lèvres de la grecque. Chacun était persuadé que l’autre ne voudrait plus lui adresser la parole. Si ce n’était pas idiot ça. Tout comme leur dispute au final. Et ça ne faisait pas de sens, de s’engueuler de la sorte, eux qui étaient encore à peine amis il y a quelques jours, voilà qu’ils en arrivaient aux confessions à travers la porte. C’était très étrange, vraiment.

Un léger souffle lui échappa, alors qu’elle ramenait ses jambes contre sa poitrine, sa joue posée contre ses genoux. Pensive et troublée, encore. Le cœur battant trop fort et les joues rougies, quoi qu’elle ne l’admettrait pas. C’était inattendu et inhabituel pour elle, tout ce sérieux, cette situation pesante.
Ce fut sa voix qui la sortit à nouveau de ses pensées, lui faisant légèrement relever la tête. Elle lui avait fait de la peine ? C’était con à dire, mais elle ne s’était pas à attendue à cela. Au fait de lui avait fait mal et surtout qu’il le lui dise. Il fallait dire qu’il avait tellement l’air d’être intouchable et nonchalant. Quant à savoir si elle avait de remords… Ce n’était pas aussi sûr. Oh, bien sûr, lui faire de la peine n’avait pas été le but, mais dire qu’elle le regrettait serait faux. Parce que non, pas de regrets face à la vérité qu’elle avait pu lui balancer, nullement.

Et il était con. Définitivement, un crétin de toute beauté, oui. Parce qu’aussi improbable que cela puisse être, Sophie n’aimait pas l’entendre dire ça. Ça lui faisait de la peine –car oui c’était possible aussi- de savoir qu’il pensait cela. Amusant, parce qu’au fond, c’était le même genre de convictions qui polluaient son esprit et ses pensées, lorsqu’elle se retrouvait toute seule. Et même entourée de ses pseudos-amis, elle était seule, au final. Elle savait à quel point ça faisait mal, à quel point c’était douloureux ce genre de pensées. Elle savait et ne voulait pas qu’il ait mal comme elle, stupide empathie sortie de nulle part. Ca n’était pas de la pitié, loin de là. Elle ne faisait pas dans la charité, la demoiselle, surement pas. Juste… Ces ressemblances imperceptibles aux premiers abords, elles avaient fini par faire leur petit cheminement jusqu’à son cerveau. Et sous son attitude de pétasse trop bavarde et chiante, d’idiote maladroite, elle voulait tenter de faire un truc de bien, pour une fois. En cachant le tout sous un jeu déloyal et stupide, parce que sinon, ce n’était pas Sophie.

Elle sentit tout à coup son cœur se serrer un peu plus en l’entendant, et ses joues chauffer un peu plus. L’entendre admette qu’il ne la détestait pas tant que ça, c’était… agréable ? Quelque chose du genre, et évidemment surprenant par la même occasion. Non, la demoiselle à la crinière turquoise n’en attendait pas tant. Qu’il s’excuse et lui rende ses affaires aurait facilité les choses, au fond. Parce qu’elle n’aurait pas eu besoin de réfléchir et d’admettre des trucs à son tour.
Mais ce qui l’acheva, ce furent les derniers mots qu’il lança. Son cœur rata un battement et elle se redressa, toute troublée et bien plus touchée qu’elle ne l’aurait cru. Parce que ça, c’était bien plus qu’une simple demande à sortir avec elle, comme on lui en avait déjà fait des tas. Et si le fait de préciser qu’il voulait qu’elle soit sérieuse avait quelque chose de pas forcément rassurant pour elle –quelle idiote- tout le reste était aussi inédit que très tentant.

Le silence finit par se faire suite à cela. Elle ne savait pas trop quoi dire, la grecque, et fixait ses genoux, embarrassée à son tour. Elle dut prendre une sacrée inspiration, avant de finalement lever les yeux au plafond et prendre la parole : « T’es le pire des idiots, Deus. » Elle commençait tout en douceur, toujours. « J’ai pas envie de m’excuser non plus. Comme ça on est quitte. » Autant être lâche jusqu’au bout, hein. « Je pensais que ce serait surtout toi qui voudrais plus me parler. Comme avant, en fait. J’ai eu raison d’oublier mes affaires dans ta chambre. » Un léger rire, à peine ravi, mais tout de même, la quitta. Puis un soupir, tandis qu’elle fermait les yeux.
Son cœur encore cognait fort dans sa poitrine, et redoublait d’intensité à chaque fois qu’elle repensait à ses paroles. « Le but c’était pas de te faire de la peine, tu sais. Et tu m’en as fait aussi. A ce niveau là aussi, je pense qu’on est quitte, non ? » Autant être honnête, une fois lancée. « T’arrêtes pas de dire ça, mais je t’apprécie moi. Même si t’es le pire des cons et que t’es totalement invivable. » Puis le silence à nouveau.

Prenant une nouvelle inspiration, cherchant son courage ayant surement prit le bord depuis longtemps, elle se releva, Sophie. Le souffle un peu court et confuse, elle glissa ses doigts sur la poignée, pour ensuite ouvrir la porte, doucement. Se mordant la lèvre, elle se retrouva bien vite agenouillée derrière lui, son front posé contre son épaule et ses doigts agrippant son pull, tirant dessus, fébriles. « Tu sais que l’sérieux c’est pas mon truc. Mais demandé si gentiment, je peux bien faire un effort pour toi. » Elle sourit quelque peu, ne pouvant se retenir d’ajouter, ricanant doucement : « Et je confirme, t’as une réputation de merde. Mais je te bats même à ce niveau-là. » Ca n’était même pas méchante. Juste une énième tentative de ne pas être trop sérieuse, voilà tout.

Et maintenant ? Elle avait bien envie d’un câlin, tiens. Surtout que là, elle portait un pull, c’était d’autant plus pratique.
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Sam 22 Fév - 23:24

Recevoir une réponse était innatendu, vraiment. A vrai dire, Deus était persuadé que son monologue s’était réellement perdu derrière la porte, ou que, dans le cas contraire, Sophie se serait contentée de rester silencieuse et de l’ignorer jusqu’à ce qu’ils s’en aille.

Mais finalement, ses hypothèses avaient été bien vite démantelées. Une petite voix familière, de l’autre côté de la paroi. Ses paroles reflétaient les siennes, semblable et pourtant inédite. Un combat sans vainqueur ; ce qui prouvait bien qu’ils étaient stupide. Et Deus s’accrochait bien trop au chose stupide.
Heh, si ça n’avait pas été le cas, il aurait arrêté de se prendre la tête il y a longtemps.

Son dos perdit son appui, et le jeune homme dût lutter pour ne pas se rattraper trop brusquement. A vrai dire, la tête de sa camarade contre son épaule y participa grandement. Il eut un mouvement de recul, une terrible envie de se décaler en lui rabâchant la même rengaine, encore et toujours. Un frisson de terreur. Il le réprima, grandement aidé par la suite du discoure. Par la sensation du tissu froissé entre ses doigts, aussi. Tout ça ; cette soirée, cet échange, ces émotions. Ça le perturbait bien plus qu’il ne voulait l’admettre. Et plus les mots glissaient sur la langue de la jeune fille, plus la sienne peinait à trouver place dans sa propre bouche. Comme lui, là, assis dans le couloir, dos à la plus grande pimbêche de l’univers. Son téléphone portable toujours entre les mains.

Il le posa à côté de lui en soupirant, avant de lever ses bras en l’air et de les tendre, tout cela pour toucher l’épaule de mademoiselle. Toucher, vraiment. Pas effleurer. Un vrai contacte, avec une vraie pression. Un poke maladroit en réponse à tout ça. Un peu pitoyable, mais mieux que rien, sans doute.

Silence, encore et toujours. L’haïtien ne se retournait pas, toujours tordu dans cette position étrange et hasardeuse, les doigts emmêlés dans les mèches colorées de Sophie. Il les aurait cru plus rêche, tiens. A cause de cette fameuse coloration, et de l’eau de mer, sans doute. Surtout car ça allait bien avec son caractère de sorcière. Mais non, il n’y avait que ses cheveux qui étaient désagréable au touché, malmené par sa décoloration. Un détail futile qui, pourtant, commençait à le déranger d’un seul coup, en imaginant Sophie faire de même. En imaginant les doigts de Sophie courir dans ses mèches. Toucher son crâne et recevoir un sermon en retour. Lui faire remarquer, tiens, que ses cheveux étaient dans un piète état, et l’enquiquiner avec ça. Il n’avait pas vraiment envie de se faire encore enquiquiner. Par contre, il avait assez envie de sentir les mains de Sophie dans ses cheveux.

Son corps se raidit soudainement. Peut-être même que ses roues rougirent légèrement. Quoi qu’il en fut, Deus se retourna ouvrit enfin la bouche, rompant le silence. « Ça veut dire qu’on… » Ça sonnait tellement absurde dans sa tête. De la science-fiction pure. « Sort ensemble ? » Il se retourna enfin, la regardant avec l’air le plus sceptique possible. Il ne réalisait pas tout à fait dans quoi ils s’étaient embarqué au fil des confessions de plus ou moins bonne fois, surtout pas aussi rapidement.
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Dim 23 Fév - 7:23
Honnêtement, si on lui avait dit qu'à la fin de cette journée, il se serait passé autant de choses entre eux, Sophie aurait sûrement rit au nez de l'illuminé lui ayant raconté ces foutaises. Et pourtant. Car oui, aussi cliché que cette formulation puisse paraitre, il sen était passé des choses en cette fin de soirée. Que ce soit ce moment fort agréable sur la plage, ou le baiser échangé dans sa chambre, bien vite suivit d'une dispute aussi futile que stupide. Et puis, ça. Une réconciliation, mais pas seulement. Il y a encore quelques jours, ni lui ni elle n'auraient tenté de reparler à l'autre après ce qui s'était produit dans la chambre. C'etait même à ce demandé ce qui avait pu changer en si peu de temps, où ils étaient passés de deux personnes ne pouvant se supporter à deux idiots ne pouvant toujours pas se supporter mais décidant de sortir ensemble malgré tout. Difficile à dire, et pourtant c'était le cas.

La grecque était plutôt contente qu'il ne la repousse pas, pour une fois. Il fallait dire qu'après de nombreuses tentatives de rapprochements tombées à l'eau, ça devenait frustrant. Et c'etait idiot, car à force de se convaincre qu'elle ne faisait que jouer, que tout n'était qu'amusement, elle n'était plus certaine de s'en rappeler l'enjeu ni même la raison, et se retrouvait perdue dans son propre ressentit, égarée dans le chaos qui régnait sous sa tignasse turquoise.

Le contact, venant de lui, fut une autre surprise. Un geste inattendu qui la fit se sentir toute drôle; et pas à cause de son pouvoir, non. Ça réchauffait un peu le creux de sa poitrine, et c'etait agréable, suffisamment pour la faire sourire, cette sale peste. Peste qui laissa échapper un léger rire en réalisant l'étrange position dans laquelle il se trouvait présentement. C'était ridicule, mais touchant, au fond. Et le rire lui n'était pas moqueur, non, c'etait quelque chose de doux et joyeux.

Que faire de plus ? Elle n'en savait trop rien. D'autant plus qu'ils n'étaient pas si mal, là. Personne à l'horizon pour les déranger, un couloir rien qu'à eux. Pas de quoi avoir envie de bouger, pour sûr, et la jeune femme se trouvait plutôt bien où elle était présentement. Et ce fut lui qui brisa le silence fraichement installé, cette étrange sérénité incongrue entre eux. Plus que ça, il se tourna, la forçant à rompre le contact, bien malgré elle.
Le dévisageant, sourcils haussé répondant silencieusement à sa mine sceptique, elle finit par hausser les épaules. « Ça m'en à tout l'air. » Elle faisait celle que ça ne touchait pas, mais l'évidence la frappait aussi, et ça avait quelque chose d'inexplicablement troublant. « Et c'est trop tard pour revenir en arrière, hein ~ » Le ton se voulait railleur, mais il y avait une crainte presque évidente dans sa voix et son regard, la peur d'être rejetée. Quelque chose dont elle ne voulait pas.

Laissant encore filer quelques instants, elle se pencha vers lui, ses deux mains venant se poser sur ses cuisses. À tout moment, elle s'attendait à ce qu'il la repousse, comme à chaque fois. Il n'y avait pas de raison que cela change après tout. Surtout qu'au fond, ça la terrifiait, le changement. Alors que paradoxalement, elle ne pouvait s'empêcher de jouer avec ce changement dans leur relation. « J'ai le droit de t'embrasser sans que tu râles maintenant ? » Le ton innocent de la question ne l'était pas vraiment. Puis qu'il ne cesse pas de râler, ça faisait partie de son charme.
Elle ne lui laissa même pas à temps de répondre d'ailleurs. Non, Sophie s'était déjà emparée de ses lèvres, chaudes, suffisamment longtemps pour que ce ne soit pas qu'un baiser sans intérêt, mais trop brièvement pour que ce soit dangereux. Et son coeur encore battait trop fort.

Il ne lui fallut pas bien longtemps pour se relever, après lui avoir adressé un sourire taquin et récupéré son portable. Histoire de cacher son trouble et oublier ses interrogations. Pourquoi est-ce qu'il avait accepté, tiens ? Ou encore, devait-elle se méfier ? Qu'attendait-il d'elle ? Trop de questions, à s'en donner mal au crâne.

« Ça te dirait pas de ramener tes fesses à l'intérieur histoire de finir la soirée tranquillement ? A moins que t'envisages de camper devant ma porte, bien sûr. » Ça lui ressemblait déjà plus, de jouer la chieuse, pour sûr.
Sa chambre n'avait rien de particulier. Des vêtements pas rangés empilés sur un fauteuil, des tas de photos de sa famille et du cirque sur un mur, et un tas d'autres choses insignifiantes, comme de cahiers à dessins, des coquillages venant de la plage. Et des sous-vêtements abandonnés négligemment sur son lit, vestige de sa recherche avant de prendre sa douche. Rien de terrible, vraiment.

« Promis, je profiterais pas de toi. » Encore ce sourire railleur et le regard allant de paire. Si peu sérieuse.
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Sam 5 Avr - 22:58

Elle ne le laissait jamais s’exprimer. Jamais. Et si encore cela arrivait, elle finissait bien par ignorer ses mises en garde ou pire : les tourmer au ridicule.
Mais Deus n’eut pas le temps de laisser échapper quoi que ce soit de ses lèvres, puisque toute tentative de réponse fut bloquée par celle de Sophie elle-même. Elle qui se foutait bien de trouver réponse à sa question. Elle qui se foutait bien du danger. Qui se foutait bien de son pouvoir, à lui.

Ça avait quelque chose de réconfortant et très irritant à la fois. L’haïtien se contenta de ne pas se poser trop de question, de s’en foutre, lui-aussi, durant ces quelques maigres secondes.

Putain ce que c’était bizarre.

La sensation lui brûlait encore les lèvres lorsque sa camarade se releva. Cette sensation totalement étrangère, et ce malgré les assauts répétés de la coupable. Peut être était-ce le fait qu’il n’ait pas chercher à la repousser qui rendait cela si différent. Peut être était-ce l’officialisation de cette relation ni queue ni tête qui lui faisait tourner la sienne, de tête. Heh, les bières étaient peut être aussi fautive que tout le reste.
Il se releva à son tour, sans un mot, ni même un regard agacé. Juste un air perdu, là, sur son visage habituellement si renfermé. Perdu dans ses explications. Perdu dans cette sensation qui, peu à peu, s’évaporer en laissant indéniablement une trâce.

Son cœur aussi, battait fort.

Ses fesses trouvèrent un coin de lit libre pour se poser. Les sous-vêtements traînant là-dessus avait réussi à le sortir de cette expression rêveuse durant une fraction de seconde, mais il était à nouveau plongé là-dedans, les yeux parcourant distraitement les photos affichée au mur. Derrière toutes ses questions, elles firent tout de même naître une remarque, insignifiante mais douloureuse. Ses murs à lui, pourtant pareil à ceux de cette chambre –la chambre de Sophie. Avec les affaires de Sophie et un parfum de, si encore son cerveau engourdit ne lui jouait pas des tours, Sophie.-, étaient nus. Impersonnel. Aucun visage souriant. Pas de chaleur. Rien.

Et a cet instant, même accompagné de Sophie, même avec le souvenir de la texture de ses lèvres sur les siennes, Deus se sentait seul au monde.

En moins de deux, il était à nouveau sur ses deux jambes, près de Sophie. Etrangement près. En réalité, près au point ou ses bras entourait le corps de sa camarade, sans plus de précaution. Ils la serraient, juste assez pour les presser l’un contre l’autre. « tais-toi. » coupa-t-il en prévoyance de la réaction de la demoiselle. Parce que pour une fois, il n’avait pas envie de l’entendre railler ou plaisanter là-dessus. Parce qu’il se sentait ridicule, aussi. Comme toujours avec elle. En la serrant contre lui, il crut presque sentir son cœur, à elle, battre contre le sien, si encore ça n’avait pas été à cause de ses propres battement, frappant contre sa poitrine.

Il rompit l’étreinte avant même de trouver la réponse, s’éloignant promptement de la Grecque. « J’vais au chiotte. » Ses mains fourrées dans ses poches, il s’exécutait, faisant bien attention de rester dos à mademoiselle. Et pas pour rien.
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